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L’AFRIQUE ET LA CHINE : UNE ASYMÉTRIE SINO-CENTRÉE ? Thierry PAIRAULT

lundi 19 juin 2023 Thierry PAIRAULT

Dans cet article, Thierry Pairault (1) mène une réflexion nécessaire sur les mots et l’entendement habituel concernant les relations entre la Chine et l’Afrique. S’il n’y a pas « d’ Afrique globale » (mais une diversité de pays), pas plus que de « Chine homogène » (mais des acteurs institutionnels parfois s’affrontant), pas de « grand plan central » (mais des entreprises en mission stratégique), l’auteur réinsère au moins de façon relative les décisions des gouvernements africains. Avec le sens de la complexité systémique, Thierry Pairault pondère toutefois fortement ce fil directeur. Le retour de l’autoritarisme, l’instrumentalisation de l’humiliation et du Tiers-mondisme, traduisent une Afrique qui reste (trop souvent) un réservoir de ressources. La Twin diplomacy, les Nouvelles routes de la soie... demeurent des outils géostratégiques structurants, des signes majeurs de la puissance.

(1) Directeur de recherche émérite (CNRS — École des Hautes Études en Sciences Sociales). Centre d’études sur la Chine moderne et contemporaine (UMR 8173)

L’AFRIQUE ET LA CHINE : UNE ASYMETRIE SINO-CENTREE ? 裴天士

Les mots peuvent créer des frontières, générer des espaces voire des territoires qui emprisonnent la pensée. Ainsi l’expression Chine-Afrique suppose ipso facto que la Chine se trouve en face d’une entité constituée en un territoire homogène, voire doté d’une autorité unique ; elle nie l’existence de relations bilatérales qui pourtant prédominent entre la Chine et 54 pays africains d’histoire, de richesses et de conjonctures économiques différentes. Dès lors que le raisonnement se censure ainsi, il devient aisé de dénoncer une stratégie chinoise monolithique à l’égard de l’Afrique, de fantasmer cette présence chinoise – de fait ces présences chinoises – et d’en décliner les traits effrayants dans une nouvelle dystopie niant voire interdisant toute agencéité africaine. Plus détestable encore est le vocable Chinafrique qui capte la fiction précédente pour révéler un territoire néo-colonisé par des réseaux politiques, économiques et militaires qui lieraient la Chine à ses « colonies africaines » à l’instar de la Françafrique. Certes, il ne faut pas nier que Pierre Falcone, installé à Pékin depuis 1988, ait pu piloter cette Chinafrique, mais l’amalgame, en réveillant l’image d’une Afrique qui serait un territoire réservé à ses « partenaires traditionnels », entend disqualifier la présence économique chinoise sur l’autel de la bonne gouvernance, partant justifier à contrario que chacun veuille se réapproprier des territoires en un nouvel espace économique pour ainsi dire virginisé.

Les mots nourrissent aussi une pensée magique au risque d’engendrer une essentialisation de la Chine et des acteurs chinois, partant d’obérer davantage encore notre compréhension des présences chinoises en Afrique et de confondre en une stratégie fantasmée une multiplicité d’approches (autant que d’acteurs). Il y a d’abord des acteurs institutionnels qui peuvent s’affronter au sein même des ambassades à travers les divergences entre représentants du ministère des Affaires étrangères qui subordonnent le commercial au politique et ceux du ministère du Commerce qui, inversement, subordonnent le politique au commercial. Cette lutte a été particulière sensible après la réforme de 2003 qui, de fait, octroyait une certaine prééminence au ministère du Commerce sur celui des Affaires étrangères. Cette rivalité entre le commercial et le politique se retrouve aussi dans les rapports entre les représentants du ministère des Affaires étrangères et ceux de l’ExIm Bank de Chine dépendant du ministère des Finances : les premiers encourageant l’attribution de prêts à taux bonifiés quand les seconds préfèrent octroyer des prêts à des taux commerciaux. Ces frictions en Afrique peuvent exprimer des affrontements politiques – et donc des stratégies opposées – au niveau du gouvernement central en Chine. Ces différends institutionnels peuvent prendre d’autant plus d’importance que la Commission pour la réforme et le développement (elle donne son autorisation pour les grands projets africains auxquels les entreprises chinoises peuvent participer) dépend des informations parcellaires que les acteurs institutionnels lui font remonter, quand ce ne sont pas les informations – biaisées par la force des choses – que les entreprises bénéficiaires lui fournissent.

Les entreprises précisément, leurs stratégies, aussi diverses que variées, dépendent tant de leur statut que de leur recherche de marchés sans que nous puissions les réduire à l’observation d’un grand plan si ce n’est une certaine volonté de s’internationaliser comme les y incite le gouvernement chinois. Notons que cette internationalisation ne fait pas automatiquement de ces entreprises des multinationales ni des entreprises mondialisées dans la mesure où le chiffre d’affaires qu’elles réalisent à l’étranger peut rester très marginal dans leur chiffre d’affaires total. Les grandes entreprises publiques dépendant du gouvernement central (« entreprises centrales ») d’abord, nous distinguerons celles qui sont effectivement en mission du gouvernement chinois pour garantir l’approvisionnement en matières premières de celles qui sont juste à la recherche de marchés comme les grandes entreprises du BTP qui n’ont d’autres objectifs que de réaliser des profits. Ce sont ensuite les entreprises publiques provinciales dont la loyauté va d’abord aux gouvernements locaux qui renforcent leur pouvoir grâce aux bénéfices qu’elles réalisent. On trouve aussi de grandes entreprises privées ou supposément privées comme Huawei qui en son temps s’était opposée à la volonté du gouvernement chinois d’imposer des normes téléphoniques proprement chinoises pour la vente à l’étranger d’équipements téléphoniques. Certes, dans une conjoncture où dominent une guerre économique sino-américaine et l’autoritarisme intransigeant du Parti communiste chinois), il n’est pas certain que des entreprises comme Huawei puisse encore jouir d’une aussi grande autonomie décisionnelle comme le montrent les déboires récents de Jack Ma (ancien PDG et inventeur d’Alibaba). Ce sont encore des PME privées qui sont potentiellement autant d’électrons libres ; pensons à l’entreprise Haite qui avait le projet de constituer une zone économique spéciale privée à Tanger, mais qui malgré le soutien initial de la Banque marocaine du commerce extérieur y échoua faute sans doute de recevoir le soutien de Pékin. Les autorités chinoises chiffrent le nombre d’entreprises chinoises actives en Afrique entre trois et quatre mille. La différence avec le nombre énoncé par Ernst and Young en 2017 (10 000 entreprises chinoises en Afrique) résulte d’une confusion. Les entreprises précitées sont des entreprises chinoises (ou leurs filiales) de droit chinois – donc enregistrées en Chine –, tandis que le rapport d’Ernst and Young leur ajoute de petites entreprises privées de droit local africain (donc juridiquement et statistiquement non chinoises) dirigées par des ressortissants chinois dont l’allégeance à Pékin peut être inversement proportionnelle à l’autonomie dont ils jouissent.

En sacralisant « l’initiative » des nouvelles routes de la soie, le discours chinois à son tour vient entraver notre entendement. Ces routes tant terrestres que maritimes sont les routes traditionnelles du commerce entre l’Asie et l’Europe. La route maritime dans sa forme actuelle est née au XIXe, elle est l’héritière de la route des porcelaines fréquentée par les marchands arabes et indiens, elle a été prolongée en Méditerranée puis au-delà jusqu’en Europe du Nord grâce à l’ouverture du canal de Suez en 1869. L’un des premiers animateurs de la route maritime moderne est l’ancêtre de la CMA-CGM qui a aussi incité à la création de Djibouti (1888) et du chemin de fer Djibouti-Addis Abeba (1897). Ces routes n’ont donc pas été inventées par Xi Jinping en 2013, mais ont été instrumentalisées à partir de cette date afin d’aider la Chine à pallier la crise de son modèle de croissance. Depuis la crise asiatique de 1998 et surtout depuis le début des années 2000, les responsables chinois ont tenté avec un succès très limité de réformer le modèle économique hérité de l’ère Deng Xiaoping, et donc de transformer le moteur de leur économie, de substituer à une croissance tirée par les marchés extérieurs une croissance tirée par le marché intérieur. D’où l’appel de Xi Jinping à Davos en 2017 en faveur d’une mondialisation libérale que nous pourrions presque interpréter comme un appel de détresse. La stratégie des nouvelles routes de la soie est donc initialement une « initiative » pour mieux pénétrer les marchés européens (essentiellement l’Union européenne) qui étaient jusqu’à présent le premier débouché pour les produits chinois devant les pays d’Asie du Sud-Est – maintenant en tête – et les États-Unis.

Le commerce de marchandises conteneurisées entre la Chine et l’Europe représente 17% du commerce chinois (dont 94% empruntent la voie maritime) tandis que celui à destination de l’Afrique ne représente que 4% seulement. De fait, tous modes de transport confondus (maritime, aérien et terrestre), l’Afrique ne pèse que 3% du commerce mondial et 3% du commerce chinois de marchandises. Si du point de vue micro-économique (celui des entreprises chinoises), l’Afrique peut offrir des marchés importants, en revanche d’un point de vue macro-économique (celui de la nation chinoise), c’est donc loin d’être le cas. Même en ce qui concerne l’accès aux matières premières, l’Afrique est très dépendante de la Chine alors que cette dernière qui s’est constitué une vaste palette de fournisseurs alternatifs pour ces mêmes matières premières ne sera jamais réellement dépendante de l’Afrique. C’était ce que l’on appellerait aujourd’hui une stratégie de de-risking – même si l’expression qualifiait originellement une pratique financière. Par suite, ce sont les pays africains fournisseurs de matières premières à la Chine qui se trouvent dépendre de leur cliente et non l’inverse – comme le montre, par exemple, l’exemple de l’Angola remplacée par l’Arabie saoudite. Ici encore le 14e plan quinquennal réaffirme clairement la volonté d’instaurer des chaînes industrielles qui respectent le principe de « la Chine d’abord » dans le cadre d’une division internationale du travail qui ne laisserait à l’Afrique que le rôle de fournisseur de matières premières à côté d’autres régions et pays « ressource ».

C’est précisément sur ce dernier point que se sont interrogés les participants à un colloque qui s’est tenu le 27 mai 2022 sous l’égide de la revue [chinoise] Culture et de l’Association [chinoise] pour la recherche en science des systèmes eurasiens [1]. Clairement, ce colloque prenait prétexte du « conflit russo-ukrainien » pour rappeler la nécessité d’une révision de la stratégie internationale de la Chine pour mieux contrer « l’Occident ayant à sa tête les États-Unis », une révision appelant une refonte de la ligne de conduite chinoise à l’égard de l’Afrique.

Les intervenants commencent par évaluer les relations entre leur pays et le continent africain et concluent que la Chine est à l’évidence économiquement importante pour l’Afrique, en revanche, l’importance économique de cette dernière est beaucoup plus limitée pour la Chine. Toutefois, l’Afrique est, elle, politiquement importante pour la Chine. Ici, nous devons jeter un œil en arrière. En 1989, après les massacres de la place Tian’anmen, les pays occidentaux ont pris des sanctions contre la Chine. Ce fut un électrochoc pour les responsables chinois de l’époque comme en atteste la Petite histoire du parti communiste chinois dans une version corrigée publiée en 2021 pour en célébrer le centenaire. Dès lors s’est instauré progressivement en Chine un discours bifront : un message économique assez libéral qu’illustre, par exemple, le discours prononcé à Davos par Xi Jinping (cf. supra) et un message politique volontiers anti-occidental qui s’est consolidé au fil du temps pour s’épanouir ces dernières années comme en ont récemment témoigné les mercuriales de certains diplomates chinois. D’un point de vue politique, cela s’est traduit dès le début des années 1990 par une instrumentalisation du vieux thème de l’humiliation nationale et une révision des manuels d’histoire, par une réinvention du confucianisme, par une réactivation du tiers-mondisme, par l’approfondissement des liens avec les pays en développement à commencer par les africains, car l’Afrique ce sont 54 pays ayant chacun une voix à l’assemblée générale des Nations Unies (Eswatini excepté, 53 pays reconnaissent pour l’heure Pékin) – c’est-à-dire près d’un tiers des voix qui peuvent voter les décisions. D’où une réécriture de l’histoire que manifeste la parution en 1999 d’un ouvrage retraçant cinquante années de diplomatie chinoise où l’Afrique apparaît en héros grâce auquel la République populaire de Chine a pu remplacer la République de Chine (Taiwan) au Conseil de sécurité de l’ONU. Véritablement, comme le montrent les archives de l’ONU, le soutien des pays africains fut tardif et ne s’exprima effectivement que quand l’éviction de Taiwan fût devenue inéluctable. Mme Yao Guimei, directrice de l’Institut d’études ouest-asiatiques et africaines de l’Académie des sciences sociales de Chine, résume très cyniquement le rôle que la Chine réserve à l’Afrique par le titre qu’elle donne à un article paru le 21 septembre 2022 dans l’édition chinoise du China Daily : « Des ressources naturelles, des marchés et des votes ».

Aujourd’hui, les intervenants s’accordent pour considérer que la coopération économique chinoise en Afrique constitue les « pierres de ballast » – autrement dit, ce qui stabilise – les relations de la Chine avec les États africains et qu’il conviendrait désormais de ne plus seulement instrumentaliser l’économie de l’Afrique pour des objectifs politiques, mais de constituer l’Afrique en un pivot d’une nouvelle stratégie chinoise que, dès 2017, Wei Jianguo – un ancien vice-ministre du Commerce et actuel vice-président d’un laboratoire d’idées chinois – appelait de ses vœux. Wei Jianguo avait une vision géopolitique à long terme qui bousculait cette instrumentalisation. Il considérait que la stratégie des nouvelles routes de la soie était la forme que revêtait la troisième vague de réformes chinoises allant toujours dans le sens d’une plus grande internationalisation de la Chine après celles lancées en 1978 (ouverture initiale) et en 2001 (entrée à l’OMC). Il constatait que le monde était actuellement dominé par « l’unilatéralisme de l’Amérique » et « le protectionnisme de l’Union européenne » – à laquelle il s’en prenait assez violemment. Dans ce contexte, la Chine n’aurait selon lui d’autre choix que de s’allier avec l’Afrique, partant d’apparier l’initiative des nouvelles routes de la soie et l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Ce faisant, la Chine et l’Afrique « s’uniraient et deviendraient plus puissantes ».

Les analyses présentées lors du colloque du 27 mai ne sont pas de simples exercices de propagande, certes l’anti-occidentalisme y est de rigueur, mais il est sans doute ici plus politique que purement idéologique – même s’il prend ses racines dans la résolution prise le 11 novembre 2021 par le Comité central du Parti communiste chinois qui de fait entérine que le nouveau locataire de la Maison-Blanche ne semble pas mieux disposé à l’égard de la Chine que ne l’était son prédécesseur et conclut à la nécessité de régénérer « la culture et l’éthos chinois ». Mais ce qui est certainement très significatif est la publication quasi simultanée par le CODESRIA à Dakar d’un ouvrage dont l’objet est de s’interroger sur « les limites des approches eurocentriques pour éclairer et expliquer les contextes sociaux africains ; la valeur des études africaines critiques pour [la] compréhension de l’économie politique du développement du continent ; la puissance descriptive, explicative et prédictive des approches interprétatives émancipatrices par rapport aux approches positivistes du développement ». Aussi, les intervenants chinois reçoivent-ils en écho une évidente confirmation de leur thèse selon laquelle il y aurait une certaine similarité entre les aspirations et les nécessités des pays africains et celles de la Chine.

Malgré leurs affirmations répétées, les intervenants au colloque de mai 2022 ont véritablement une approche très sinocentrique dans laquelle l’Afrique apparaît comme le seul espace ou continent sur la planète encore « colonisable » sans risquer de [trop] piétiner les plates-bandes des autres puissances – en ce sens la liste des espaces libres dressée par Zhang Chun (chercheur à l’Institut des relations internationales de l’université du Yunnan) est plus qu’éloquente. À dessein je dis « colonisable » (bien entendu avec des guillemets), car à l’évidence dans les analyses des intervenants, l’Afrique n’est jamais considérée comme une actrice dans une coopération avec la Chine, sinon il aurait été rappelé que l’Afrique n’existe pas vraiment, mais que ce sont 54 États indépendants dont les intérêts peuvent être très divergents. Cette coopération est donc plutôt une coopération chinoise en Afrique, un peu à l’image de l’image de ce qu’a été la coopération française en Afrique, c’est-à-dire décidée, organisée … ailleurs selon des normes, des critères et des valeurs propres aux décideurs quoiqu’en aient dit ces derniers.

Dans l’usage chinois, « coopération » est un mot magique qui sert à magnifier toutes les relations économiques chinoises avec les pays en développement, qu’elles relèvent de l’aide publique au développement ou des plus avides transactions commerciales. Cette « coopération » ordonne un univers séraphique clamant l’éclatante intercession de la Chine à l’exclusion de toute autre. À telle enseigne que Bai Yinzhan, directeur général de la China Harbour Engineering Company (CHEC) dans une interview du 14 janvier 2023, quand il évoque le rôle de son entreprise dans la réalisation du port de Lekki au Nigéria, la fait apparaître comme l’initiatrice, la conceptrice et la gestionnaire du projet si ce n’est en réclamer la propriété. Or, à l’origine du projet se trouvait une concession octroyée pour 45 ans à l’entreprise singapourienne Tolaram pour la constitution d’une zone économique spéciale privée, le projet incluant l’érection dans la zone franche d’un port en eau profonde à Lekki. Tolaram, installé au Nigéria depuis 1977, étend son activité des produits de consommation courante (nouilles instantanées) aux projets infrastructurels, industriels et financiers. Pour construire le port de Lekki, Tolaram aurait, de concert avec le gouvernement nigérian, sollicité la CHEC. L’accord entre les parties s’est concrétisé par la création d’un fonds commun de créances. L’expression juridique française n’est pas innocente, elle ne désigne pas des « propriétaires », seulement des créanciers, car ce fonds est destiné à assurer la protection des bailleurs – dont entre autres la CHEC – contre le risque de défaillance du débiteur (le Nigéria, ici). Cette protection est organisée à travers une seconde concession de 45 ans octroyée au fonds commun de créances pour l’exploitation du port que complète une autorisation d’opérer dans la zone franche sous la tutelle de Tolaram, exploitation confiée à des professionnels tiers comme CMA-CGM. Dans ce schéma, seul le gouvernement de Lagos peut revendiquer une propriété pour le Nigéria. À côté des créanciers précités, on trouve une liste impressionnante d’une trentaine d’intervenants nigérians et occidentaux, dont plusieurs multinationales.

L’occultation de cette pluralité d’acteurs tant africains qu’occidentaux, tous déterminants pour des projets portuaires comme pour tous les autres projets africains d’infrastructures, revient à nier toute capacité agentive aux gouvernements africains, en d’autres termes à infantiliser l’Afrique. Les anciennes puissances coloniales l’ont fait. Aujourd’hui, la Chine le fait. Nous enseignants-chercheurs l’avons aussi fait en particularisant une réflexion sur la Chine bien souvent oublieuse de l’Afrique et obérant ipso facto l’agencéité africaine. Une analyse détaillée et critique de cette agencéité permettrait d’ouvrir un questionnement plus large sur les asymétries dans les relations entre l’Afrique et la Chine, de mettre en lumière les effets structurants qui en résulte, partant de mieux discerner les changements graduels qui pourraient aboutir à un rééquilibrage des relations afro-chinoises – et non plus sino-africaines.

Thierry Pairault 裴天士 , le 19 juin 2023

Non, ce sont les gouvernements africains qui ont construit ces infrastructures ; pour ce faire, ils ont missionné simultanément sur leurs chantiers de nombreuses entreprises africaines et étrangères – dont des entreprises chinoises – qui ont dû collaborer ensemble (ci-dessous, un message de l’ambassade de Chine en France paru sur Twitter).

https://twitter.com/AmbassadeChine/status/1666726076972773376, 8 juin 2023

Notes

[1Le colloque s’est tenu le 27 mai 2022 sous l’égide de la revue Culture Wenhua zongheng et de l’Association pour la recherche en science des systèmes eurasiens (ARSSE) Ou Ya xitong kexue yanjiuhui. La revue Culture (ou plus littéralement La culture en long et en large) est une revue généraliste en sciences sociales créée en 2008 et publiant beaucoup de jeunes auteurs de moins de 40 ans « destinés à jouer un rôle important dans le monde de la pensée et de la culture ». Elle est accessible en ligne à http://www.21bcr.com/. L’ARSSE (en anglais : Eurasian Systems Science Research Association ou ESSRA) est une association universitaire chinoise dotée de la personnalité morale, créée par des experts et des universitaires engagés dans la recherche scientifique sur les systèmes eurasiens. Elle a été enregistrée en avril 2009 par le ministère des Affaires civiles de la République populaire de Chine et son site est à https://www.essra.org.cn/. Nous donnons une traduction complète du compte rendu de ce colloque sur notre site à https://pairault.fr/sinaf/index.php/2406.

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SIX MOIS AVANT LES ELECTIONS EUROPEENNES, L’ALLEMAGNE ET LA FRANCE DOIVENT FORGER LE DISCOURS D’UNE EUROPE PLUS GEOPOLITIQUE. Jeanette Süß

ENTRETIEN EXCLUSIF AVEC EMMANUEL LINCOT sur la Chine et l’Asie centrale. « LE TRÈS GRAND JEU »

ENTRETIEN AVEC HAMIT BOZARSLAN. DE L’ANTI-DÉMOCRATIE À LA GUERRE EN UKRAINE

EN EUROPE COMME À L’INTERNATIONAL, UN PARCOURS SEMÉ D’EMBÛCHES POUR LE DUO FRANCO-ALLEMAND. Marie KRPATA

ENTRETIEN EXCLUSIF - LE MULTILATERALISME AU PRISME DE NATIONS DESUNIES. Julian FERNANDEZ

L’INDO-PACIFIQUE : UN CONCEPT FORT DISCUTABLE ! Thierry GARCIN

L’ALLIANCE CHIP4 EST-ELLE NÉE OBSOLÈTE ? Yohan BRIANT

INVESTISSEMENTS DIRECTS A L’ÉTRANGER - D’UNE STRATÉGIE DE FIRMES À UNE STRATÉGIE GÉOPOLITIQUE (2ème partie). Laurent Izard

INVESTISSEMENTS DIRECTS A L’ÉTRANGER - D’UNE STRATÉGIE DE FIRMES À UNE STRATÉGIE GÉOPOLITIQUE. Laurent IZARD

BRETTON WOODS ET LE SOMMET DU MONDE. Jean-Marc Siroën

LES ENJEUX DE SÉCURITE DE L’INDE EN ASIE DU SUD. Olivier DA LAGE

LA CULTURE COMME ENJEU SÉCURITAIRE. Barthélémy COURMONT

QUELLES POSSIBILITÉS D’ÉVOLUTION POUR LES PETITS ETATS EN RELATIONS INTERNATIONALES ? LE CAS DU QATAR. Par Lama FAKIH

LES ENJEUX STRATÉGIQUES DES CÂBLES SOUS-MARINS DE FIBRE OPTIQUE DANS L’ARCTIQUE. Par Michael DELAUNAY

L’ARCTIQUE ET LA GUERRE D’UKRAINE. Par Thierry GARCIN

LA REVANCHE DE LA (GEO)POLITIQUE SUR L’ECONOMIQUE

UKRAINE. CRISE, RETOUR HISTORIQUE ET SOLUTION ACTUELLE : « LA NEUTRALISATION ». Par David CUMIN

VLADIMIR POUTINE : LA FIN D’UN RÈGNE ? Par Galia ACKERMAN

« LA RUSE ET LA FORCE AU CŒUR DES RELATIONS INTERNATIONALES CONTEMPORAINES »

L’INTER-SOCIALITE AU COEUR DES DYNAMIQUES ACTUELLES DES RELATIONS INTERNATIONALES

LES MIRAGES SÉCURITAIRES. Par Bertrand BADIE

LE TERRITOIRE EN MAJESTÉ. Par Thierry GARCIN

UNION EUROPÉENNE : UNE SOLIDARITÉ TOURNÉE VERS UN PROJET DE PUISSANCE ? Par Joséphine STARON

LES TALIBANS DANS LA STRATÉGIE DIPLOMATIQUE DE LA CHINE. Par Yohan BRIANT

🔎 CHINE/ETATS-UNIS/TAÏWAN : LE TRIANGLE INFERNAL. Par P.A. Donnet

LA RIVALITÉ CHINE/ÉTATS-UNIS SE JOUE ÉGALEMENT DANS LE SECTEUR DE LA HIGH TECH. Par Estelle PRIN

🔎 LES « MÉTAUX RARES » N’EXISTENT PAS... Par Didier JULIENNE

🔎 L’ARCTIQUE DANS LE SYSTÈME INTERNATIONAL. Par Thierry GARCIN

LES PARAMÈTRES DE LA STRATÉGIE DE DÉFENSE DE L’IRAN. Par Tewfik HAMEL

🔎 LES NOUVELLES GUERRES SYSTEMIQUES NON MILITAIRES. Par Raphaël CHAUVANCY

L’INTERNATIONALISME MÉDICAL CUBAIN AU-DELÀ DE L’ACTION HUMANITAIRE. Par G. B. KAMGUEM

LE SECTEUR BANCAIRE, AU CŒUR DU MODELE ECONOMIQUE CHINOIS, SEVEREMENT REPRIS EN MAIN. Par Jean François DUFOUR

UNE EUROPE TRIPLEMENT ORPHELINE

LA DETTE CHINOISE DE DJIBOUTI. Par THIERRY PAIRAULT

U.E - LES DOSSIERS : GAIA-X, 5 G, FONDS EUROPEEN DE DEFENSE, DEEP TECH, CONTROLE DES INVESTISSEMENTS SENSIBLES, POLITIQUES DE SOUVERAINETE...

CONSEIL DE SECURITE - L’AFRIQUE EST-ELLE PRÊTE POUR PLUS DE RESPONSABILITÉ ?

BERTRAND BADIE : « LE MULTILATERALISME EST BLOQUE PAR LES ETATS ET LE NEO-NATIONALISME MAIS FONCTIONNELLEMENT INEVITABLE… »

COMMENT LA CHINE SE PREPARE POUR FAIRE FACE AU DEUXIEME CHOC ECONOMIQUE POST-COVID. Par J.F. DUFOUR

GUERRE ECONOMIQUE. ELEMENTS DE PRISE DE CONSCIENCE D’UNE PENSEE AUTONOME. Par Christian HARBULOT

LA CRISE DU COVID-19, UN REVELATEUR DE LA NATURE PROFONDE DE L’UNION EUROPEENNE. Par Michel FAUQUIER

(1) GEOPOLITIQUE D’INTERNET et du WEB. GUERRE et PAIX dans le VILLAGE PLANETAIRE. Par Laurent GAYARD

(2) GEOPOLITIQUE D’INTERNET et du WEB. Souveraineté numérique, enjeu géopolitique, Internet sécessionniste. Par L. GAYARD

La GEOPOLITIQUE DES POSSIBLES. Le probable sera-t-il l’après 2008 ?

« Une QUADRATURE STRATEGIQUE » au secours des souverainetés nationales

L’Europe commence à réagir à l’EXTRATERRITORIALITE du droit américain. Enfin ! Par Stephane LAUER

LA DEFENSE FRANCAISE, HERITAGE ET PERPECTIVE EUROPEENNE. Intervention du Général J. PELLISTRANDI

PARADIS FISCAUX. « Il faut changer la façon dont on impose les profits des sociétés multinationales ». G. Zucman

L’EUROPE FACE AUX DEFIS DE LA MONDIALISATION (Conférence B. Badie)

De la COMPETITION ECONOMIQUE à la GUERRE FROIDE TECHNOLOGIQUE

Le traité d’Aix-la-Chapelle

ACTUALITES SUR L’OR NOIR. Par Francis PERRIN

TRUMP REINVENTE LA SOUVERAINETE LIMITEE. Par Pascal Boniface

Une mondialisation d’Etats-Nations en tension

LES THEORIES DES RELATIONS INTERNATIONALES AUJOURD’HUI. Par D. Battistella

Guillaume Duval et Henrik Uterwedde, « Traité de l’Elysée 2.0 : Les clés d’une nouvelle étape de l’intégration européenne ? » (6 février 2018)

MONDIALISATION HEUREUSE, FROIDE et JEU DE MASQUES...

RESISTANCE DES ETATS, TRANSLATION DE LA PUISSANCE

Libéraux contre libéraux

Ami - Ennemi : Une dialectique franco-allemande ?

PUISSANCES MOYENNES d’hier et d’aujourd’hui entre impuissance et émergence (B. Badie, professeur des Universités, Sc Po Paris)

DE LA DIT A LA DIPP : LA FRAGMENTATION DE LA...

Conférence de Pierre-Emmanuel Thomann : La rivalité géopolitique franco-allemande (24 janvier 2017)

Conférence d’Henrik Uterwedde : Une monnaie, deux visions (20 janvier 2016)

Conférence de Bertrand Badie : Les fractures moyen-orientales (10 mars 2016)

Conférence de Bertrand Badie - L’énigme des émergents : la Chine rivale ou interdépendante des Etats-Unis ? (21 février 2013)