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LA CHINE ET L’ARCTIQUE. Thierry GARCIN
samedi 7 septembre 2024 Thierry GARCIN
L’Arctique : si loin, si près... Où l’on retrouve les grandes (et petites) puissances, une Russie installée, une stratégie chinoise pour la conquête de nouveaux espaces et de nouvelles routes maritimes, la construction d’influences auprès des « pays locaux », toutes les questions du devenir environnemental de la planète...
Sous couvert d’exigence de gouvernance mondiale, de nécessaire multipolarité etc..., les jeux de puissance sont à l’oeuvre en arrière plan de la guerre en Ukraine. La Chine, dans cet « espace lointain », s’introduit par les questions environnementales et les problématiques de patrimoine mondial et de gouvernance - des exigences stratégiques qui peuvent étonner quand l’on connaît les contraintes majeures qu’elle impose aux pays riverains de la Mer de Chine. La multipolarité encore - que n’a t-on pas écrit là dessus - en suggérant un monde meilleur et plus égalitaire...
En somme l’Arctique oscille entre une internationalisation préoccupante et une balkanisation, qui portent des risques majeurs pour le bien commun et les enjeux transversaux. On vous les laissera découvrir dans cette brillante analyse, quelque peu inquiétante, de Thierry Garcin (1). Elle confortera aussi bien les spécialistes que les non-initiés par une grande clarté de l’écriture.
(1) Chercheur associé à l’université Paris Cité. Auteur de Géopolitique de l’Arctique, 2e édition, Economica, 2021
LA CHINE et L’ARCTIQUE
La domination naturelle de la Russie sur les enjeux arctiques n’est pas discutée. Celle-ci a pour elle la géographie : elle enroule 160° de longitude, elle occupe 23 000 km de côtes septentrionales ; elle peut se targuer de l’ancienneté de ses explorations (l’Alaska lui appartenait jusqu’en 1867) ; elle excelle par son savoir-faire et son expérience ; elle dispose de moyens hors pair, seule dans le monde à détenir une flotte impressionnante de brise-glaces à propulsion nucléaire ; elle a toujours affiché, sous ses différents régimes (tsariste, soviétique, russe), une volonté d’airain (figure 1).
Pourtant, elle n’est qu’un des cinq pays riverains, avec le Canada, le Danemark (Groenland), les États-Unis (Alaska) et la Norvège (archipel du Svalbard). D’autre part, l’Europe non communautaire (Norvège) et communautaire (le Danemark, qui a déjà prévu l’indépendance du Groenland) n’occupe politiquement qu’un rang subalterne, d’autant plus que l’Union européenne reste constamment en arrière de la main, peu entreprenante et peu cohérente. La Finlande et la Suède possèdent bien des territoires au-dessus du cercle arctique (66° de latitude nord), mais ne sont aucunement riverains. Quant à l’Islande, sous contrôle américain, elle n’est géographiquement arctique que pour sa façade maritime septentrionale, et encore tout juste.
Bien avant la guerre d’Ukraine (2022-…), des pays proches ou lointains du cercle polaire ont exprimé des prétentions arctiques. En l’occurrence, la Chine, qui se dit « Near Arctic », alors que son point le plus nordique se situe à la latitude de Newcastle (Angleterre). D’emblée, on relèvera qu’il ne s’agit pas historiquement d’un pays hauturier, que son tropisme océanique est récent et dû en partie à ses sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), que son excellence polaire -tout comme celles de la France et de l’Inde- est essentiellement antarctique (3 bases permanentes et 2 bases estivales). Pourtant, son intérêt pour les pôles est ancien, ses centres de recherches sont multiples, ses publications scientifiques et techniques sont de renommée internationale. À juste titre, depuis la fin des années 2000, elle s’inscrit dans les problématiques environnementales (climat, biodiversité…) de portée mondiale. Ses travaux, initialement scientifiques, concernent de plus en plus les relations internationales, les enjeux de science politique, les débats géopolitiques [1]. Plus : elle demande toute sa part dans la gouvernance de l’Arctique, finissant par publier en 2018 un texte fondateur qui en dit long sur ses aspirations, somme toute justifiées. Bien entendu, la nature de son régime -à l’instar de la Russie- lui permet d’afficher une volonté politique durable, laquelle assure une planification de long terme.
Si Pékin reste un acteur secondaire de l’Arctique (80 % de son budget polaire finance l’Antarctique), il pourrait en devenir un partenaire essentiel d’ici 2040. Dès lors, qu’en est-il de son actuelle présence, de son influence, de ses ambitions et des aléas qui pourraient entraver ou non sa course vers les très hautes latitudes ? Évaluation essentiellement géopolitique, d’autant plus nécessaire que le mantra des pays nordiques, scandinaves et finlandais, complaisamment asséné durant des décennies, « High North, Low Tensions », a volé en éclats. La funeste guerre d’Ukraine, à leur grand dam, a encore plus internationalisé l’Arctique, Alliance atlantique et Chine comprises [2].
L’état des lieux
Les buts chinois ont toujours été clairs : l’Arctique constitue un « patrimoine mondial » et une « nouvelle frontière stratégique », ce que personne ne nie. Mais on a relevé des envolées lyriques, dignes d’un Mahan ou d’un Mackinder : « Qui contrôle la route arctique contrôlera le nouveau passage de l’économie mondiale et des stratégies internationales » (Li Zhenfu, 2009). Et l’excès a souvent guetté : « L’Arctique appartient à tous les peuples du monde et aucun État n’y a de souveraineté » (amiral Yin Zhuo, 2010), ce qui est évidemment contraire au droit international. Dans les années 2000, l’intérêt pratique s’est surtout porté sur l’évolution du climat (l’Arctique se réchaufferait trois fois plus que le reste de la planète [3]), les recherches étant centrées sur l’atmosphère, les aurores boréales, la géologie, la glaciologie, le magnétisme, l’océanographie. Les préoccupations chinoises sont avouées : étude du climat, accès aux ressources et utilisation à venir de la Route maritime du Nord, russe. On remarquera au passage que Pékin prône la liberté de navigation sur les deux routes arctiques, canadienne « du Nord-Ouest » et russe « du Nord », mais s’efforce paradoxalement d’instaurer une jurisprudence coercitive en mer de Chine méridionale. Et, sur ce chapitre, on ne sait toujours pas si la Russie avalise les conquêtes insulaires chinoises en mer de Chine méridionale.
D’autre part, une erreur de perspective est fréquemment commise : la Chine déboulerait en Arctique, ce qui permet d’instrumentaliser à l’envi la menace qu’elle repésenterait (États-Unis, OTAN, pays européens…). En fait, Pékin avait déjà ratifié en 1925 le traité de Paris de 1920 [4], qui organise la gestion internationale du Svalbard norvégien (démilitarisation, droits des États parties…). En 1989, elle créa à Shanghai l’Institut chinois de recherches polaires, s’appuyant sur un nombre appréciable d’organismes et de centres, universitaires ou non, la plupart de renommée internationale et constituant un véritable faisceau scientifique [5]. Ses publications scientifiques dédiées sont lues et estimées. En 1996, elle est devenue membre du Comité international des sciences arctiques (IASC). Elle a installé au Svalbard en 2004, non pas une base comme il est régulièrement dit, mais une équipe permanente de chercheurs scientifiques (Huanghe, « Fleuve jaune »), située à Ny-Ålesund [6]. Après des refus répétés du Conseil arctique, elle en est devenue observateur permanent en 2013.
Parallèlement, à partir de 1999, elle a constamment pratiqué des expéditions terrestres et maritimes, ambitieuses et couronnées de succès, treize en juin 2024 (1999, 2003, etc.). Le pôle Nord a été rejoint à pied en 1995. De multiples visites de haut rang font partie de son entrisme diplomatique et économique (président Hu Jintao au Groenland en 2012), y compris une visite surprise du président Xi en Alaska en 2017. Ses coopérations scientifiques s’inscrivent dans le temps, essentiellement dans la partie européenne de l’Arctique : divers projets miniers au Groenland, intérêt pour les forages norvégiens en eau profonde [7], sans parler de la coopération avec l’Islande (China-Iceland Arctic Science Observatory, CIAO, décidé en 2013 et opérationnel en 2018, en partie financé par la Chine). L’Islande a d’ailleurs représenté un cas particulier, bénéficiant en 2010 d’un généreux accord Swap entre les deux banques centrales (500 millions de dollars), après la grave crise financière traversée par le pays en 2008, ce qui n’a pas empêché Reykjavik de présenter en 2010 sa candidature… à l’Union européenne, laquelle a procédé à une ouverture immédiate des négociations. Renflouée, l’Islande a élégamment claqué la porte de Bruxelles en 2015, tout en multipliant les accords avec la Chine, intéressée par les techniques réputées de l’île en géothermie. En 2016, un Centre de recherche et d’ingénierie polaire sino-russe était annoncé. En Europe, les Chinois ont même vu très grand, présentant un projet futuriste de tunnel sous-marin entre Tallin (Estonie) et Helsinki (Finlande), de 80 km de long. Quelques ombres au tableau, cependant : des pays scandinaves ont fermé des Instituts Confucius par mesure de sécurité, tandis que les travaux d’approche auprès des ports islandais de Finnafjord, lituanien de Klaïpeda et norvégien de Kirkenes n’ont pas été couronnés de succès.
Dans le domaine économique, il est loin le temps où le vice-ministre des Affaires étrangères chinois, Hu Zhengyen, affirmait contre toute évidence : « La Chine n’a pas de politique arctique » (2009). Car, les partenariats et coopérations se sont régulièrement densifiés (avec la Norvège en 2001, avec le Danemark en 2010…), jusqu’à un accord de libre échange en bonne et due forme avec l’Islande en 2013 [8]. Mais la Chine n’a aucune pudeur : elle prend ce qu’elle peut prendre. Elle pratique la pêche illégale au large du Canada, se révèle impatiente de récolter les fameux « krills » dans le bassin arctique, appâte le Groenland en lui proposant une main-d’œuvre chinoise importée de 2 300 travailleurs ! En 2011, un milliardaire chinois, Huang Nubo, avait même voulu acheter 300 km² (la superficie de Malte) au nord-est de l’Islande (Grimsstadir), pour y officiellement construire à grands frais un site « touristique » (aéroport…). Et l’on déroulait à Pékin le tapis rouge pour des responsables islandais et groenlandais, facilement séduits : les Groenlandais ont même ouvert en 2023 un bureau de représentation en Chine, au sein de l’ambassade danoise. À tort ou à raison, une estimation officielle américaine précise que, de 2012 à 2017, les Chinois auraient investi en Arctique 90 milliards de dollars [9]. Plus qu’une « diplomatie du portefeuille », il s’agit d’une progression en tache d’huile, patiente et déterminée, profitant d’une symbiose entre les programmes étatiques et les intérêts privés. Comme par hasard, « la gouvernance climatique comprend tous les aspects politiques, économiques, scientifiques et techniques, diplomatiques, jusqu’au développement social de nombreux pays et réclame la coopération de tous les pays », assure un universitaire chinois (c’est nous qui soulignons) [10]. On ne saurait être plus ambitieux.
Mais, pour tenir égaux les deux plateaux de la balance, il est vrai que le monde de la finance anglo-saxonne, australienne et britannique (Greenland Minerals, finalement lié à une holding chinoise), sait généreusement collaborer aux projets chinois. Logiquement, l’ensemble de ces efforts s’est trouvé résumé dans un premier texte fondateur, d’ailleurs tardif (2018) : « China’s Arctic Policy », officiellement mais prudemment présenté comme un Livre blanc [11].
Pékin se dit essentiel à la gouvernance de toute la région, tout en protestant de ses bonnes intentions : le respect interétatique sera réciproque, le droit de la mer est célébré, la coopération -de type « gagnant-gagnant » et portant sur un très large éventail de domaines- sera la règle, la « durabilité » primera (hommage rituel, rendu de toute façon par tout partenaire de l’Arctique). Sources d’énergie verte, ressources halieutiques et tourisme ne sont pas oubliés. À sa manière, cette profession de foi dépossède les cinq États polaires d’une partie de leurs prérogatives : l’Arctique n’est plus un club fermé (déclaration d’Ilulissat des cinq riverains en 2008), mais un objet mondial au bénéfice de tous, les pays arctiques et non-arctiques semblant devoir faire corps. À plusieurs reprises, les droits des peuples indigènes sont célébrés avec insistance, curieuse sollicitude quand on sait le sort des minorités tibétaine et ouïghour en Chine. Bien entendu, une « Route de la soie polaire du XXIe siècle » - déjà annoncée en 2017 et adossée aux autres routes de la soie maritimes- se porte garante de la connectivité des infrastructures à venir (figure 2). L’horizon est désormais clair : « La Chine travaillera avec tous les pays afin de construire une communauté de destin pour l’humanité dans la région arctique ». Il n’est pas sûr que la Russie ait jamais eu en tête cette harmonieuse perspective.
La question capitale des routes maritimes
Il va de soi que la disponibilité des routes maritimes, surtout dans le Passage du Nord russe, est essentielle aux yeux de Pékin, le bassin arctique étant d’abord un bassin de ressources, exploitable par tous dans le respect des lois et traités internationaux [12].
On sait l’Arctique riche en minerais de toutes sortes : argent, charbon, chrome, cuivre, diamants, manganèse, nickel, or, plomb, titane, tungstène, uranium, zinc, outre les terres rares. Et l’Arctique russe regorge de gaz et de pétrole, l’essentiel se trouvant heureusement à terre. Depuis 2013, les Chinois étaient impliqués dans l’extraction du gaz sibérien (Yamal LNG), en compagnie d’ailleurs des Français (TotalÉnergies) et d’autres. Raison pour laquelle, des bâtiments chinois (compagnie COSCO) ont effectué des transits Chine-Europe et vice-versa, de même que des trafics de destination Sibérie-Chine. En 2010, le pétrolier Baltica, escorté par un brise-glace russe, était parti de Mourmansk (extrême-ouest de la Russie) pour rejoindre Ningbo (au sud de Shanghai). En 2013, un navire de COSCO transita de Chine aux Pays-Bas. En un mot, la Chine est sur tous les fronts, occupant des places clés et œuvrant à différentes échelles, des plus grandes (liens avec les populations…) aux plus petites (routes maritimes, mines, hydrocarbures, observation astronomique…). Effectivement, l’approche chinoise de l’Arctique a toujours été multiscalaire, c’est-à-dire éminemment évolutive et pragmatique.
Certes, le Passage du Nord est de plus en plus emprunté [13]. Mais, le volume de marchandises qu’il assure demeure faible par rapport au reste du commerce mondial (l’équivalent par an d’une journée du canal de Suez…), quand bien même l’année 2024 serait dite prometteuse (LNG, trains d’équipements lourds pour LNG 2, pétroliers, porte-conteneurs…). De surcroît, exploiter du gaz et du pétrole arctique, ou extraire des minerais, n’est pas une promenade de santé. L’entreprise est incertaine dans son profit (explorations fréquemment décevantes), coûteuse, lointaine (besoin d’infrastructures et de logistiques impressionnantes), ingrate (harcèlement médiatique des ONG environnementalistes dénonçant un « néocolonialisme vert »), exposée aux revendications voire aux refus des peuples autochtones (surtout dans l’Arctique européen et canadien), dépendante des revirements à 180° des administrations américaines successives (Bush fils, Obama, Trump, Biden) [14], contradictoire (l’industrie extractive est particulièrement polluante, mais officiellement dédiée à assurer la transition… verte), otage de l’évolution souvent erratique du marché mondial des hydrocarbures (rôle des événements internationaux).
Cela n’empêche pas la Chine de miser depuis des décennies sur des moyens autonomes, sûrs et durables. Le pays a su se doter graduellement de navires brise-glaces à propulsion classique, preuve d’une détermination remarquable. Le Xue Long (167 m, 21 000 tonnes, mise en service en 1994) dessert aussi l’Antarctique, permet de nombreuses expéditions polaires, a atteint le pôle Nord en 2010, a été complété en 2019 par la mise à l’eau du Xue Long 2 (14 000 tonnes), suivi en 2024 du brise-glace d’été Jidi (« Région polaire », 90 m, 5 600 tonnes) -les deux derniers bâtiments de construction totalement chinoise-, un brise-glace à propulsion nucléaire (38 000 tonnes ?) étant de surcroît dans les cartons.
Pourtant, cette politique polaire chinoise est actuellement freinée par les conséquences de la guerre d’Ukraine. Si huit brise-glaces russes à propulsion nucléaire sont en service, si le programme des brise-glaces nucléaires russes de nouvelle génération n’est pas financièrement touché (deux bâtiments déjà en service, sur les sept prévus), il est vraisemblable que la jonction Sibérie centrale, et surtout Sibérie orientale-Pacifique du Nord-Est, va pâtir du nouveau contexte financier russe [15] (figure 3).
Cet arc de cercle est essentiel pour l’avenir, aussi bien pour Moscou que pour Pékin : besoin de petites centrales nucléaires à l’embouchure des grands fleuves orientaux, la centrale sur barge Lomonossov étant entrée en service en 2020 à Pevek, dans l’extrême est sibérien ; hauts fonds obligeant à naviguer encore plus au nord ; abris portuaires pour des navires marchands exposés à l’enserrement subit par les glaces [16], car peu de ports sont en eau profonde ou libres de glace toute l’année ; installation de plateformes en mer au nord-est du Pacifique (le long du Kamchatka), pour assurer le transbordement du GNL des longs et massifs méthaniers sur des bâtiments moins lourds, adaptés aux eaux tempérées et aux ports de taille moyenne [17]. Et que dire des arrière-pays de cette « Corne de l’Arctique » désolée, hachée par les reliefs et les fleuves (figure 4) et dépourvue de toute infrastructure routière et ferroviaire digne de ce nom, sans parler des liaisons aériennes ?
À une beaucoup plus petite échelle, la Corée une fois unie (hypothèse d’école), on pourrait imaginer d’intenses réseaux de communications (routiers, ferrés, portuaires, aériens) dans cette immense et quasi vide péninsule de l’Arctique extrême-oriental : 8 millions seulement d’habitants vivent dans 6,2 millions de km² (un gros tiers de la Russie, et… onze fois la France), soit une densité de 1,3. Mais pour ouvrir cet angle mort du commerce mondial, cela suppose des efforts conjugués et de très longue haleine de la Chine, de la Corée, du Japon et de la Russie : tout y est à faire d’ici la fin du siècle, et il n’est pas interdit de rêver [18].
Cela dit, la Chine avait depuis longtemps diversifié les provenances de ses importations de gaz : par mer (GNL) depuis le Golfe (Qatar), l’Indonésie, la Malaisie et l’Australie ; par terre avec les gazoducs du Turkménistan, du Kazakhstan et de Birmanie. Et surtout de Russie dès 2019 (contrat sur trente ans signé en 2014) : les puissants tuyaux de « Force de Sibérie 1 » alimentent directement la Chine (3 000 km de long, aucun pays tiers traversé, capacité de 38 milliards de m³ par an), sans doute suivis par « Force de Sibérie 2 », via peut-être la Mongolie, augmentant encore cet important flux.
En un mot, compte tenu de son excès à terme de production gazière, la Russie a beaucoup plus besoin de la Chine que l’inverse. Il n’en reste pas moins que les surprises de l’histoire peuvent déjouer les projets les plus généreux : témoin, la guerre d’Ukraine en 2022.
Les principaux aléas et les incertitudes majeures
De fait, la guerre d’Ukraine a soudainement et nettement modifié la donne. Mais, contrairement à une idée répandue (et c’est une autre erreur de perspective fréquemment commise), elle n’a pas précipité Moscou vers Pékin. Ce qui est en revanche nouveau depuis 2022 et illustre une volonté russe de desserrement de sa politique eurasiatique, ce sont les appels du pied de Moscou à la riche et pétrolière péninsule Arabique (Émirats arabes unis…). Pour en revenir à l’axe russo-chinois, en 2013 déjà, un an avant l’invasion et l’annexion de la Crimée, le président Poutine avait annoncé, lui aussi, son « pivot vers l’Asie ». En 2016, Moscou et Pékin avaient célébré leur Partenariat eurasiatique, qui pouvait s’étendre à l’Union économique eurasiatique russe (cinq pays), à l’Organisation de coopération de Shanghai (huit pays à l’époque) et aux dix membres de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN). Encore plus explicite en 2017, le président Poutine avait vigoureusement réclamé la coopération avec la Chine : « La Route de la soie a atteint le nord. Nous allons la combiner avec la Route maritime du Nord, ce qui est nécessaire, et nous ferons la Route maritime du Nord de la soie ». De fait, le premier convoi de LNG de la Russie vers la Chine date de 2018 [19]. Il faudrait d’ailleurs mettre cet audacieux projet en parallèle avec la récente vision américaine de l’Indo-Pacifique, antichinoise dans sa finalité [20].
Si l’exportation du LNG russe n’a pas été concernée par les sanctions européennes, on a rapidement assisté à un déport des exportations russes d’hydrocarbures vers l’Asie-Pacifique (Chine -via la Malaisie au besoin- et Inde), Pékin s’abstenant néanmoins d’effectuer des transits Est-Ouest par la route du Nord, redoutant de tomber sous le coup des sanctions de l’Union européenne [21]. On notera au passage que la part de la Russie ne représente que 2,5 % du commerce extérieur chinois, alors que la part de la Chine dans le commerce extérieur russe s’élève désormais à 20 % ! Les deux partenaires ne jouent pas dans la même cour. En première approche, l’Alliance sino-russe semble donc à fronts renversés. Mais elle est sans doute promise à un bel avenir (il y a du provisoire qui dure), puisqu’elle permet une efficace mobilisation anti-occidentale auprès des pays en développement (théorie du « Sud global ») et la promotion de nouvelles règles et normes internationales. Témoins, la coopération sino-russe, la constitution de sphères d’influence, les échanges économiques hors dollar, les rôles discutés de la Banque mondiale et du FMI au profit notamment de la Banque asiatique d’investissements dans les infrastructures (BAII). Sur le plan strictement arctique, la Chine rejette logiquement les travaux du Conseil arctique qui sont menés sans la Russie et n’a pas signé en 2023 l’Appel de Paris pour les glaciers et les pôles (« One Planet-Polar Summit ») [22]. Paradoxalement, cela ne l’empêche pas de contester de lilliputiennes parties de la frontière sino-russe dans ces confins extrême-orientaux (Bolshoi Ussurysky Island, fleuves Amour/Oussouri), comme s’il n’y avait rien de plus urgent, malgré un accord définitif dûment signé en 2004. Les relations sino-russes n’ont jamais été un long fleuve tranquille… Quoi qu’il en soit, de ce nouveau contexte géopolitique mondial, la Chine ressort à la fois perdante mais aussi gagnante, Arctique comprise (figure 5).
Sur le plan militaire maintenant, les menées chinoises illustrent une forme de grignotage, méticuleux, patient et réaliste : rien n’est laissé au hasard ; on a le temps pour soi ; on lâche prise quand il le faut. Utilisation de ballons, de bouées de surveillance, de capteurs acoustiques, incursions navales dès 2015 devant l’Alaska ; volonté de poser des réseaux sous-marins d’écoute dans la Route du nord ; recherche -inaboutie- de ports en eau profonde au Canada (Nunavut, Grays Bays) ; convoitise d’une ancienne base américaine désaffectée au Groenland en 2015-2016 (Grønnedal ou Kangilinnguit) ; échec d’un important contrat pour rénover les trois aéroports groenlandais de Nuuk (la capitale), d’Ilulissat et de Qaqortoc ; accord avec les garde-côtes russes en 2023, à la demande de Moscou (exercices de recherche et sauvetage, lutte portuaire anti-terroriste) ; manœuvres navales avec la Russie, aussi bien en mer de Barents (2017…) que dans la mer du Japon (2023…). Parallèlement, chez elle, la Chine met en valeur les ports de Dalian, Qingdao, Tianjin.
Cela dit, on aurait tort d’inverser les proportions, par démonisation des avancées chinoises (autre prisme déformant) : les États-Unis et les pays occidentaux sont autrement dynamiques dans leurs entreprises stratégiques. Il n’est pas d’années -et cela, bien avant la guerre d’Ukraine et l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Alliance atlantique- que Washington n’organise en bi- ou multilatéral des exercices militaires interarmes de grande ampleur, dont on aurait peine à donner la liste : « Trident Juncture 18 », « Cold Response », « Arctic Forge », « Arctic Challenge 23 », etc. Déjà, en 2018, la Norvège avait audacieusement accueilli des centaines de Marines américains sur son sol (jusque-là, elle n’acceptait aucune troupe étrangère), tandis que le Danemark, la Finlande et la Suède si neutre, l’Islande en arrière-cour, multipliaient les coopérations militaires avec les États-Unis. L’« atlantisation » de l’Arctique européen était devenue une donnée de fait. Une « défense aérienne unifiée » sera même planifiée en 2023, facilitée en cela par l’achat de nombreux F-35. L’atavique syndrome obsidional russe ne pouvait qu’en être ravivé.
Conclusion
Par-delà les études sur le climat, si importantes pour Pékin et son « troisième pôle » -l’Himalaya-, par-delà sa quête des ressources et la sûreté des voies d’acheminement (Passage du Nord et Route maritime du Nord), par-delà son maillage d’États dépendants, la politique arctique chinoise se distingue par sa prudence et sa ténacité, son pragmatisme et son opportunisme. Et ses méthodes sont toujours volontaristes.
Pour ébaucher des scénarios, d’autres thèmes pourraient être utilement convoqués : tourisme, assurances, rôle capital des câbles sous-marins (l’Arctique, parti de presque rien, s’en équipe à mesure) [23]. Et d’abord, évaluer le rôle à venir des États-Unis dans ces enjeux de long terme, qui reste incertain, car Washington est le seul des cinq riverains à avoir une vision mondiale de l’Arctique et non régionale. Assurer et gérer la liberté de navigation sur toutes les mers est son impératif d’unique superpuissance, et l’Arctique deviendra justement une Méditerranée boréale, lorsque la banquise estivale aura peu à peu disparu, permettant une route transpolaire. Pour l’heure, la Chine est la première menace identifiée par la “2024 Arctic Strategy” [24], ce qui évidemment n’a pas grand sens, ni stratégiquement ni géopolitiquement. Mais cela permet à l’empire du Milieu d’être justiciable d’un encerclement par le Grand Nord, tout autant que sur son est et sur son sud grâce à la stratégie américaine de l’Indo-Pacifique. Cette volonté d’endiguement maritime (containment) de la masse continentale chinoise est spécifiquement américaine. Les autres riverains ont des préoccupations plus limitées et « terre à terre ». Ainsi, la Russie n’entretient-elle pour l’heure qu’une vision régionale ; le Canada, qu’une inquiétude nationale ; le Danemark, qu’une relation de voisinage provisoire (indépendance du Groenland programmé par Copenhague) ; la Norvège, qu’une dimension scandinavo-russe.
Sur le plan juridique, la Chine célèbre, elle, le droit international et semble se satisfaire d’une absence totale d’organisations d’intégration régionale dans l’Extrême-Orient septentrional : il faut parcourir 4 500 km pour rencontrer l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN). Sur le plan politique, son alliance indéfectible avec la Russie apparaît plutôt comme une alliance à fronts renversés (« Je t’aime, moi non plus. Mais restons ensemble »). Sur le plan géopolitique, la Route du Nord russe et la Route polaire de la soie veulent se rejoindre, mais à l’image des droites parallèles : les intérêts de Moscou et de Pékin peuvent paraître converger mais ne sont pas durablement les mêmes. Le « grand-russisme » eurasiatique, célébré par Moscou, a fortiori proposé précipitamment à l’Organisation économique de Shanghai (OCS) et aux BRICS (guerre d’Ukraine oblige), n’est pas de même nature que le nationalisme chinois bien trempé, avec ses millénaires d’expérience. Pour la Russie, l’Arctique est une nécessité et renforce son espoir de garder un statut de grande puissance. Pour la Chine, c’est un tremplin pour conforter son expansion mondiale. L’un est pressé et contraint (attirer la Chine en Arctique tout en restant le maître des lieux, est stratégie risquée) ; l’autre joue sur le temps long, seul juge en ces matières.
De grandes incertitudes pèsent sur l’Arctique, qui ne sont pas seulement conjoncturelles : retour éventuel de l’ancien président Trump au pouvoir en 2025 (décisions sur les hydrocarbures, les organisations économiques régionales, le climat…) ; implication en tant que telle de l’Alliance atlantique dans les enjeux de sécurité et stratégiques (ce que, Washington, avec sagesse, a toujours écarté) ; événements politiques en Russie ; etc.
Toutefois, une constatation s’impose, qui n’est pas nouvelle : l’Arctique, comme d’autre régions du monde, se parcellise [25]. En Russie, il y a déjà plusieurs Sibérie différentes les unes des autres... En conséquence de quoi, les relations bilatérales interétatiques devraient se renforcer, s’écartant de la notion anglo-saxonne des enjeux transversaux de petite taille, les acteurs secondaires de la société civile étant supposés contraindre les États grâce à un maillage irrésistible. Cette fragmentation des dossiers, accentuée par la calamiteuse guerre d’Ukraine, la Chine devrait pouvoir en tirer parti, bien entendu sous couvert d’un œcuménisme multipolaire et harmonieux.
Thierry Garcin, le 6 septembre 2024
Mots-clés
« mondialisation heureuse et froide »Biens publics mondiaux
crise
Défense
géopolitique
gouvernance
Institutions
mondialisation
puissance
Relations internationales
souveraineté
Asie
Chine
Etats-Unis
Europe
Russie
Arctique
Notes
[1] Sur l’ensemble des thèmes arctiques, on consultera entre autres les publications d’Hervé Baudu, d’Elisabeth Boucharan, de Linda Jakobson, Marc Lanteigne, Frédéric Lasserre
[2] Thierry Garcin, « L’Arctique dans le système international », Géopoweb, 6 mai 2021, https://www.geopoweb.fr/?x-L-ARCTIQUE-DANS-LE-SYSTEME-INTERNATIONAL-Par-Thierry-GARCIN. Et, du même auteur, « L’Arctique et la guerre d’Ukraine », Géopoweb, 18 mai 2022, https://www.geopoweb.fr/?L-ARCTIQUE-ET-LA-GUERRE-D-UKRAINE-Par-Thierry-GARCIN.
[3] Mais non quatre fois plus, comme on se plaît souvent à le dramatiser dans la grande presse, et peut-être seulement deux fois plus à terme. Voir Wenyu Zhou, L Ruby Leung, Jian Lu, « Steady threefold Arctic amplification of externally forced warming masked by natural variability », Nature Geoscience, 22 mai 2024, https://www.nature.com/articles/s41561-024-01441-1.
[4] “Traité concernant le Spitzberg”, le Spitzberg étant la principale île de l’archipel.
[5] Parmi les principaux : Dalian Maritime University (DMU, Dalian, 1909) ; Tongji University (neuf emplacements durant la guerre civile, Shanghai de nos jours, 1927) ; Institute of Oceanology (IOCAS, Qingdao, 1950) ; Ocean University of China (OUC, Qingdao, 1924/1988) ; Shanghai Institute of International Studies (SIIS, Shanghai, 1960) ; State Oceanic Administration (SOA, Pékin, 1964) ; Chinese Arctic and Antarctic Administration (CAAA, Pékin, 1981) ; China Institute for Marine Affairs (CIMA, Pékin, 1987) ; Polar Research Institute of China (PRIC, Shanghai, 1989) ; China-ASEAN Joint Research and Development for Marine Science and Technology (Beihai, site en chinois) ; China-Nordic Arctic Research Cooperation (CNARC, Pékin, 2013) ; Shanghai Forum (Shanghai, 2019).
[6] Témoignage de l’auteur, visite sur place.
[7] Refroidissement entre Pékin et Oslo en 2010, après l’attribution du prix Nobel de la paix au dissident Liu Xiaobo, mais cela faisait partie de l’inévitable jeu diplomatique.
[8] Oslo discute d’un accord de libre échange avec Pékin depuis 2007.
[9] Mike Pompeo, secrétaire d’État américain, en 2019, reprenant des évaluations du Center for Naval Analyses (Virginie).
[10] Chuan Chen, « The role of China within Arctic Climate Governance », Arctic Yearbook 2024, University of the Arctic, https://arcticyearbook.com/images/yearbook/2023/Commentaries/1C_Chen_AY2023.pdf.
[11] « China’s Arctic Policy », The State Council Information Office of the People’s Republic of China, 26 janvier 2018, https://english.www.gov.cn/archive/white_paper/2018/01/26/content_281476026660336.htm.
[12] La route du Nord-Ouest, canadienne, est peu utilisée commercialement et semée d’embûches. Voir Thierry Garcin, 2e éd., Géopolitique de l’Arctique, Economica, 2021, p. 77-86 ; et « Quel avenir pour les routes arctiques ? », in Agathe Euzen, Françoise Gaill, Denis Lacroix, Philippe Cury (dir.), L’océan à découvert, CNRS Éditions, 2017. Le Crystal Serenity, bateau de croisière affrété par une compagnie chinoise, est parvenu à emprunter en 2016 le passage du Nord-Ouest. De même, l’année suivante, pour le brise-glace chinois Xue Long (« Dragon des neiges »).
[13] 34 transits en 2011, 46 en 2012, 71 en 2013, 31 en 2014, etc. La progression en volume de marchandises date en fait de 2018-2019, étant partie en 2011 de 3,3 millions de tonnes pour atteindre 35 millions en 2021 (56 % de LNG et condensats, 22 % de pétrole et dérivés, soit 78 % au total, pour ainsi dire les 4/5). En 2020, le président Poutine avait prévu pour 2025 un volume de 80 millions. Sur l’ensemble de la question : Hervé Baudu, Les Routes maritimes arctiques. Enjeux économiques et géopolitiques, 2e éd., L’Harmattan, 2024. Et Northern Sea Route Administration (Russie), www.nsra.ru/en/home.html.
[14] ConocoPhillips (États-Unis), Equinor (Norvège), Shell (Royaume-Uni) ont baissé les bras pour l’exploration pétrolière en Alaska.
[15] Florian Vidal, « La Russie en Arctique : fin des illusions et recompositions », Notes de l’IFRI, Russie. Eurasie. Visions, n° 135, août 2024, https://www.ifri.org/fr/publications/notes-de-lifri/russieeurasievisions/russie-arctique-fin-illusions-recompositions
[16] Deux cargos pris dans les glaces tout l’hiver, à Pevek, en 2017.
[17] Les dispositifs symétriques dans l’Arctique occidental russe, près de Mourmansk (île de Kildine et Oura Goulag), pâtissent -pour les mêmes raisons- des conséquences de la guerre d’Ukraine.
[18] Un très original North Pacific Arctic Community Meeting, réunissant trois puissants adversaires de jadis -la Chine, la Corée du Sud et le Japon-, a été créé en 2014.
[19] Isabelle Facon, « La Russie et la Chine dans l’Arctique : ambivalences et contraintes russes », Observatoire de l’Arctique, Fondation pour la recherche stratégique, (FRS), s. d., http://www.observatoire-arctique.fr/analyses-regionales/russie-chine-larctique-ambivalences-contraintes-russes/
[20] Thierry Garcin, « L’Indo-Pacifique : un concept fort discutable ! », Géopoweb, 18 avril 2023, https://www.geopoweb.fr/?L-INDO-PACIFIQUE-UN-CONCEPT-FORT-DISCUTABLE-Thierry-GARCIN.
[21] 13 trains de sanctions de l’Union européenne, de 2022 à septembre 2024.
[22] https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2023/11/10/appel-de-paris-pour-les-glaciers-et-les-poles-declaration-du-one-planet-polar-summit.
[23] Michael Delaunay, « Les enjeux stratégiques des câbles sous-marins de fibre optique dans l’Arctique », Géopoweb, 7 juin 2022, https://geopoweb.fr/?LES-ENJEUX-STRATEGIQUES-DES-CABLES-SOUS-MARINS-DE-FIBRE-OPTIQUE-DANS-L-ARCTIQUE-278
[24] US Department of Defense, 21 juin 2024, file :///D :/++DOD-ARCTIC-STRATEGY-2024.PDF.
[25] Lire Thierry Garcin « L’Arctique ou les Arctiques ? », Diploweb, 5 juin 2021, https://www.diploweb.com/Geopolitique-L-Arctique-ou-les-Arctiques.html.
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