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BRETTON WOODS ET LE SOMMET DU MONDE. Jean-Marc Siroën

Un jeu de puissances

lundi 9 janvier 2023 Jean-Marc SIROEN

Juillet 1944  : la conférence historique qui rassembla pendant trois semaines 44 pays fut le moment symbolique du monde à venir d’alors et celui d’un jeu de puissances (big four). Construction d’un Gold Exchange Standard, rôle de l’or, bataille des quotas etc... élaborés sur les principes du roi dollar et de stabilité hégémonique avec une Europe en déclin, en particulier pour le Royaume-Uni.
Jean Marc Siroën (1) nous plonge dans cette période d’un nouvel ordre mondial en gestation avec une double lecture : celle des faits saillants mais surtout à travers quelques brillants portraits de personnages (White, Keynes...), qui ont marqué de leur nom ce moment de basculement historique.
Ainsi le roi dollar est consacré contre le bancor (un privilège exorbitant !), au risque de l’insoutenabilité structurelle du système sur le long terme.
L’auteur ne met pas en oeuvre une simple objectivation d’institutions internationales mais aussi et surtout un jeu d’acteurs aux facettes souvent étranges, qui rendent palpables ce moment historique, par exemple « une surprenante soviétophilie » pour certains membres éminents... A lire absolument !

(1) Jean-Marc Siroën est Professeur émérite de Sciences Economiques à l’Université PSL Paris-Dauphine et auteur de « Mr Keynes et les extravagants » (Librinova, 2021, 3 volumes). Cf en fin d’article.

BRETTON WOODS ET LE SOMMET DU MONDE

Bretton Woods est un lieu-dit perdu au fin fond du New-Hampshire, au pied du Mount Washington dont le sommet serait le plus venteux du monde. Au début du siècle, un milliardaire avait eu l’idée de construire dans la vallée un immense hôtel où, l’été, les plus belles fortunes de la Nouvelle-Angleterre viendraient se rafraîchir. C’est là, au Mount Washington Hotel, que se tiendra la conférence historique qui rassemblera pendant trois semaines (1-22 juillet 1944) plusieurs milliers de personnes (dont 740 délégués représentant 44 pays).

Mont Washington Hotel

La conférence de Bretton Woods est restée dans l’histoire comme un « esprit » et comme un « système ».

L’esprit exprime la volonté des pays alliés contre l’Axe (Allemagne, Italie, Japon) de fonder un ordre économique stable, régulé et fondé sur la coopération internationale. Il rejette dans les poubelles de l’histoire les guerres monétaires et commerciales d’avant-guerre qui avaient conduit à un enchaînement de catastrophes. Le « gagnant-gagnant » devrait se substituer au « perdant-perdant » de l’« égoïsme sacré » d’avant-guerre.

Le système se réfère plus concrètement aux règles monétaires et financières qui seront adoptées : monnaies convertibles entre elles à un taux de change fixe (mais ajustable) avec une convertibilité ultime du dollar en or à sa parité de 1934 (35 $ l’once) qui rend ainsi la monnaie américaine « aussi bonne que l’or ».

Depuis, dans la vulgate économique ou politico-journalistique les appels à un « nouveau Bretton Woods » ne se comptent plus. Pourtant, derrière le halo d’irénisme laissé par la Conférence, se dissimule une lutte entre puissances pour gouverner le monde. Au-delà du mythe, l’atmosphère qui régnait dans ce que Keynes surnomma très vite la « maison des singes » fut particulièrement lourde, un « combat derrière des portes closes » (Ed Conway), haut lieu de querelles et de manipulations avec pour enjeu la place au « sommet du monde » des puissances anciennes, nouvelles ou à venir.

L’ambition américaine

Si, à l’occasion de la conférence de Londres de 1933, le nouveau Président américain, Franklin Delano Roosevelt, réaffirme l’isolationnisme économique de son pays, il change de cap avec la guerre et s’« internationalise ». L’ambition des Etats-Unis est maintenant de rattraper les erreurs de l’après-première guerre mondiale quand le projet ambitieux du Président Woodrow Wilson – ses 14 points – s’était conclu par un Traité de Versailles que les Etats-Unis ne ratifièrent pas. Instruit des renoncements de son prédécesseur, débordé d’un côté par les Français (Clémenceau) et les Anglais (Lloyd George), de l’autre, par son opposition républicaine, Roosevelt affirmerait davantage le leadership américain au détriment des anciennes puissances européennes qui s’étaient montrées incapables de préserver la paix. Le fait que les pays alliés, le Royaume-Uni comme l’URSS et la France, aient vitalement besoin des prêts américains fait très nettement pencher le rapport de force en faveur des Etats-Unis.

Comme la responsabilité du désordre économique des années 1930 dans la guerre est reconnue, la construction d’un nouvel ordre international commencera par l’économie. La Conférence de Bretton Woods précédera ainsi la Conférence de San Francisco et la signature de la Charte des Nations Unies (26 juin 1945). Il s’agira d’adopter les statuts de deux organisations internationales destinées à entrer dans le système des Nations-Unies : le Fonds Monétaire Internationale (FMI) et la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD), vite désignée aussi Banque mondiale.

Le Président Roosevelt a une conception relativement claire et en même temps assez naïve de la future gouvernance mondiale. Sa vision du monde s’articule autour de la doctrine du Big Four : quatre puissances (The Four Policemen comme se plaît à l’appeler Roosevelt) – Etats-Unis, URSS, Royaume-Uni, Chine – qui auraient leur place au « sommet du monde ». En réalité, dans l’esprit de Roosevelt, le Big Four serait plutôt un « 1+3 » puisqu’il entend bien donner à son pays la première place, tout particulièrement dans le nouveau système monétaire et financier discuté à Bretton Woods.

Trésor contre Département d’État

La doctrine du Big Four ne règle pas tout. Encore faut-il en définir les règles.

Le gouvernement est divisé sur ce que devrait être l’après-guerre. La rivalité entre le Département d’État et le Trésor est particulièrement vive. Le premier revendique sa compétence sur les questions économiques internationales. En 1933, c’était bien le secrétaire d’État, Cordell Hull, qui représentait les Etats-Unis à la Conférence de Londres. Mais comme les sujets sont aussi de nature économique, le Trésor lui dispute désormais sa compétence.

Une lutte d’influence est ainsi engagée entre deux hommes qui ne s’entendent pas : le secrétaire d’État Cordell Hull et le secrétaire au Trésor, Henry Morgenthau Jr. Cet antagonisme ne se limite d’ailleurs pas à l’économie puisqu’il porte aussi sur l’accueil des émigrés juifs d’Europe centrale et sur le sort qui serait réservé à l’Allemagne une fois la victoire acquise. Cordell Hull insupporte Roosevelt qui ne se reconnaît pas dans ce démocrate conservateur d’un Sud qui, néanmoins, vote massivement pour lui. Il lui préfère Morgenthau, un ami intime. Il en fait même son « Secrétaire d’État en second » en l’associant à sa politique étrangère.

Formellement, les fonctions sont redéfinies en faveur du Trésor. Les questions commerciales resteront bien au Département d’État, sous l’autorité d’un Ministre qui, dans la tradition des démocrates sudistes, défend un libre-échange sans limite, mais les questions monétaires et financières internationales seront dévolues au Trésor.

Malgré la guerre, le gouvernement américain qui a affronté la crise économique et la guerre est maintenant usé. Le Président lui-même, qui s’apprête pourtant à être candidat à un quatrième mandat, est en fin de vie et nombre de ses ministres ou conseillers ne valent guère mieux. La revitalisation de l’administration passe alors par le recours aux experts et technocrates, souvent des universitaires.

Ainsi, au Trésor, Morgenthau se repose largement sur son expert, nommé Assistant Secretary, Harry Dexter White.

Si les questions commerciales avaient été omniprésentes lors des négociations sur les « prêts-bails » engagées en 1941 avec l’Angleterre puis l’URSS, le thème s’estompe dans les travaux préparatoires à la Conférence de Bretton Woods. Le sujet sera monétaire et financier. Les questions risqueraient en effet de compliquer la tâche du Trésor en donnant trop d’importance au Département d’État. Elles sont donc remises à plus tard [1].

Ce partage de compétence entre le Trésor et le Département d’État ne suffit pas à apaiser les tensions entre les deux administrations, et certaines autres (le Département du Commerce, le Federal Reserve System, etc.) mais cette bataille interne est gagnée par le Trésor. Si c’est Cordell Hull qui lance les invitations pour la Conférence, elle sera présidée par Henry Morgenthau et le maître d’œuvre en sera Harry White.

Délégué USSR, Mikhail Stepanov

La soviétophilie des Etats-Unis

L’anticommunisme d’avant-guerre et la sidération du pacte germano-soviétique ont très rapidement laissé la place à une surprenante soviétophilie entretenue par une propagande qui exalte le courage des assiégés de Leningrad et des combattants de Stalingrad. En fait, la fascination pour le système soviétique avait atteint l’entourage « New dealer » du Président dès les années 1930. La crise du capitalisme et la défaillance des marchés rendaient plus attractif le recours à la planification à laquelle les Etats-Unis recourront largement pendant la guerre. Eleanor Roosevelt partage cette complaisance vis-à-vis de l’URSS. Le vice-président Henry Wallace ne tarit pas d’éloges sur les Soviets. Peu avant Bretton Woods, il est revenu enthousiaste de la Kolyma sibérienne où des « villages Potemkine » dissimulaient les pires goulags de l’ère stalinienne. Quant à Harry Hopkins, éminence grise de Roosevelt, concepteur des « prêts-bails », il se revendique « ami » de Staline avec porte ouverte au Kremlin.

Après la guerre, les témoignages de repentis confirmés par le décryptage des messages (Venona) adressés des Etats-Unis vers l’URSS, dévoileront l’implication de hauts fonctionnaires américains, particulièrement du Département d’État et du Trésor. Parmi eux, Harry Dexter White ainsi que 5 autres délégués américains à Bretton Woods dont le conseiller économique de Roosevelt, Lauchlin Currie. Après la guerre, certains se mettront au service de Mao et participeront même au désastreux « grand bond en avant » !

La bataille anglo-américaine

La relation privilégiée des Etats-Unis avec l’Angleterre est un mythe très ancré dans le discours politique britannique et que démentent les négociations économiques, financières et commerciales engagées au début des années 1940.

Une des contreparties de la soviétophilie américaine est son anglophobie. Le Royaume-Uni est perçu comme un Empire agonisant, ruiné et assisté, bien que disposant encore d’un certain pouvoir de nuisance.

Depuis 1941, l’économiste John Maynard Keynes qui, mandaté par le gouvernement britannique, négocie l’octroi de prêts-bails avec les Etats-Unis, se heurte à leur inflexibilité. L’Angleterre, accusée de dissimuler l’or qui lui reste, devrait ouvrir les marchés de l’Empire, protégés par les « préférences impériales » et céder aux investisseurs américains quelques-uns de ses joyaux industriels comme l’emblématique American Viscose, propriété de l’industriel anglais Samuel Courtauld (par ailleurs grand ami des Keynes).

La préparation de la conférence, la réunion préparatoire d’Atlantic City, puis la Conférence de Bretton Woods, donneront lieu à un affrontement anglo-américain avec la neutralité, sinon la complicité, de l’URSS pour qui tout ce qui affaiblirait l’Angleterre serait bon à prendre. Pour les Etats-Unis, il s’agit d’en finir avec le rôle dominant qu’avait eu la livre sterling depuis plus d’un siècle.

Du côté anglais, Keynes se veut offensif, mais le rapport de force lui est très défavorable. L’Angleterre a urgemment besoin de l’argent américain pour éviter un « Dunkerque financier » ce qui l’oblige à adopter une position défensive et à avaler de multiples couleuvres. Le grand universitaire cassant n’aura plus d’autre choix qu’adopter la posture de l’homme d’État pragmatique et réaliste.

Si Keynes n’a aucune illusion sur la pérennité de l’Empire et de la livre sterling, il se fait néanmoins un devoir de défendre la place du Royaume-Uni au « sommet du monde » et de contenir au maximum les volontés hégémoniques des Etats-Unis. Comme il l’écrivait dès 1941 « Peu importe la situation difficile dans laquelle nous nous trouvons pour l’instant, nous nous retrouverons au sommet du Monde, l’une des deux ou trois puissances du futur. »

Inévitablement, les plans de réforme du système monétaire international que proposent les deux négociateurs, Keynes et White, s’opposent.

Alors que Harry White souhaite le retour à un gold exchange standard (étalon de change-or), Keynes défend une démonétarisation de l’or, qu’il qualifia autrefois de « relique barbare ». Aucune monnaie ne serait donc automatiquement convertible en or à un prix fixé d’avance.

Pour White, la monnaie internationale doit aussi être une monnaie nationale, ce qui lui conférerait un « privilège » (le fameux « privilège exorbitant » du Général de Gaulle) et cette monnaie serait le dollar, la seule « aussi bonne que l’or ». À l’opposé, Keynes défend la création d’un instrument de paiement apatride, le bancor.

White et Keynes à Bretton-Woods

Le rôle qu’accorde White à l’or est moins idéologique que pragmatique. Puisque la plus grande part des réserves en or se trouve maintenant aux Etats-Unis, et que l’Angleterre n’en a plus, maintenir le métal jaune dans le système monétaire international donnerait de facto le pouvoir monétaire aux Etats-Unis. Les choses auraient certainement été différentes si les Etats-Unis n’avaient pas détenu dans leurs coffres les trois quarts environ des réserves en or du monde !

Le double jeu soviétique

La doctrine du Big Four exigeait la présence de l’URSS à Bretton Woods. En d’autres temps, elle aurait été contestée. Keynes, qui ne s’estime pas lié à la doctrine rooseveltienne, estime que l’invitation n’aurait aucun sens puisque son système resterait incompatible avec tout ce qui pourrait être décidé, à commencer par la convertibilité de la monnaie. L’URSS sera néanmoins présente avec ses vingt-six délégués (dont quelques agents du NKVD) qui, selon un délégué américain (né en Russie), Emanuel Goldenweiser, « devraient en découdre avec le peloton d’exécution d’un côté, et la langue anglaise de l’autre ». Il était en effet difficile à l’URSS de refuser l’invitation dès lors que la conférence se plaçait sous l’égide des Nations Unies. Quitte à s’y rendre, leur préoccupation sera surtout de tester les limites américaines aux exigences soviétiques et, peut-être de glaner des informations utiles. Quelques mois plus tôt, à la Conférence de Téhéran (28 décembre-1er décembre 1943), Roosevelt s’était montré étonnamment conciliant. Il était donc tentant pour Staline de pousser le bouchon un peu plus loin, même sur une question qui l’intéressait peu.

De fait, à la grande rage de la délégation anglaise, White et Morgenthau céderont à peu près tout à l’URSS, notamment sur les quotas, sur la convertibilité, sur leur apport en or au FMI, sur leur contribution à la Banque mondiale, sur le taux de change…

Les failles du Big Four et la bataille des quotas

Le système FMI, tel qu’il existe toujours aujourd’hui (les apports en or en moins) est articulé autour des quotas qui ont trois fonctions : fixer les apports des membres (en or, en monnaie nationale ou en devises), établir les droits d’accès aux prêts et déterminer les droits de vote. À Bretton Woods, la plupart des pays présents défendent une part de quotas la plus élevée possible. Le seul critère acceptable pour les fixer est bien sûr le poids économique de chacun. Encore faut-il pouvoir l’évaluer et pondérer les critères pris en compte alors même que très peu de pays disposent de statistiques macroéconomiques à peu près fiables.

Dans la ligne du Big Four, les pays concernés doivent avoir un quota plus élevé que les autres pour justifier leur statut. Il revient donc aux statisticiens du Trésor de démontrer que les économies soviétiques et à fortiori chinoises devancent les économies exclues du Big Four et, tout particulièrement, la France et l’Inde [2]. Ils n’y parviendront pas et, bien que la formule utilisée, rendue volontairement indéchiffrable pour cacher les manipulations, ne validait pas le Big Four. Peu importe, les quatre « puissances » se verront attribuer les plus gros quotas.

C’est sans doute la délégation française qui réagit le plus violemment avec une algarade historique entre le délégué français [3], Pierre Mendès-France, et le statisticien, Raymond Mikesell vite relayé par le Secrétaire au Trésor, Morgenthau (qui venait de rencontrer de Gaulle en visite à Washington). La France obtiendra, en compensation, un cinquième siège au conseil d’administration du FMI ce qui écornera le Big Four et annoncera une sorte de Big Five avec le statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU accordé à la France.

On notera que près de 80 ans après Bretton Woods, la « formule » des quotas qui sera plusieurs fois révisée, n’est pas davantage appliquée aujourd’hui, qu’hier…

Le talent manipulateur de Harry Dexter White

Harry Dexter White est une des personnalités les plus contradictoires de cette période qui n’en manque pas. Ce haut fonctionnaire avait soutenu une thèse d’économie à Harvard sans que ce travail suffise à lui ouvrir les portes de la prestigieuse université. Ce fils d’émigrés juifs lituaniens en attribuait la raison à ses origines. Il avait dû se contenter de l’obscur Lawrence College d’Appleton (Wisconsin). Entré au Trésor au milieu des années 1930, il visera alors les plus hautes fonctions et les atteindra presque.

Il appartient, sans trop le dire, à la frange la plus radicale des technocrates « New dealers ». Peu de temps après avoir été engagé au Trésor, il est « tamponné » par le
journaliste-espion Whitaker Chambers (qui le dénoncera plus tard). Le NKVD (futur KGB) recherche alors des informateurs et des agents d’influence. White sera un assez piètre informateur, mais un efficace agent d’influence.

Si White n’est pas communiste, il pense que le monde de demain devrait être fondé sur une alliance étroite entre les Etats-Unis et l’URSS. Selon lui, les systèmes économiques et politiques convergeraient. Les Etats-Unis n’ont-ils pas commencé à s’affranchir de l’économie de marché ? La nouvelle constitution de l’URSS ne garantit-elle pas les libertés ? Dès lors, tout ce qui serait utile à l’URSS le serait aussi pour les Etats-Unis (et réciproquement). Loin de trahir en collaborant avec les Russes, il croit contribuer à placer son pays le sens de l’histoire. Il se voit en homme d’État, adepte de la diplomatie parallèle (et souvent clandestine), avec une vision du monde qui, aussi erronée qu’elle puisse paraître aujourd’hui, n’est pas aux antipodes du projet rooseveltien.

Cette alliance entre les Etats-Unis et l’URSS reléguerait les anciens Empires européens qu’il déteste. S’il veut l’hégémonie du dollar c’est d’abord pour en finir avec celle de la livre sterling. Il ne peut être insensible aux arguments de Keynes qui lui expose l’insoutenabilité de son système, mais peu lui importe car il ne raisonne plus en économiste, mais en bâtisseur d’un nouvel ordre économique mondial.

L’administration américaine n’avait pas considéré d’emblée que le dollar serait la future monnaie internationale. La proposition de Keynes de créer une monnaie internationale apatride (le bancor) avait même commencé à séduire une partie des conseillers. Roosevelt lui-même aurait suggéré quelques autres noms comme Demos ou Victor, obligeant White à introduire lui aussi une « monnaie » aux fonctions très limitées, l’Unitas, qu’il oubliera une fois le danger passé.

Si Keynes restait inégalé dans l’art de l’argumentation, White était indépassable dans celui de la manipulation. Sa manière de préparer et d’organiser la conférence de Bretton Woods est un modèle du genre qui mérite d’être enseignée aux spécialistes de la négociation et aux diplomates.

Quelques éléments pour apprécier le talent de White :

1) Il définit un programme de négociation qui contourne le sujet le plus délicat : le rôle hégémonique du dollar. Si le titre officiel de la conférence est United Nations Monetary and Financial Conference, ce sont les statuts du FMI et de la BIRD qui sont soumis à discussion. La nature du système monétaire international serait implicite, glissée au détour d’un article des statuts du FMI. Cette structure lui permet de créer une Commission 1, dédiée au Fonds Monétaire International et qu’il présidera. Il en éloigne Keynes en lui confiant la présidence de la Commission 2 consacrée à la Banque mondiale à laquelle il n’attache pas une grande importance et sur laquelle il pourra faire des concessions. Accessoirement, la Commission 2 lui permettra également d’éloigner un autre rival, américain celui-là, Dean Acheson, qui représente le Département d’État et qui avait autrefois assuré l’intérim du Secrétaire au Trésor avant d’être remplacé par … Morgenthau. C’est le plus conciliant Professeur Dennis Robertson qui représentera l’Angleterre dans la commission 1.

2) Il applique la doctrine : « Laissez les tous parler aussi longtemps que cela leur plaît pourvu qu’ils ne disent rien. » Les contraintes de temps et l’épuisement faciliteront ainsi l’adoption in fine des dispositions litigieuses. Tout est donc fait pour fatiguer les délégués et leur faire perdre du temps dans les détails.

3) Il verrouille l’information et l’expertise. Il contrôle tout y compris les relations avec la presse. Le secrétariat pléthorique de la conférence est constitué de fonctionnaires américains et notamment de juristes (les grands ennemis de Keynes !) à qui revient la responsabilité d’écrire des montagnes de textes. Les autres délégations ne bénéficient que d’un soutien limité et lui aussi contrôlé. Tout s’écrit et se discute dans un anglais que tous les délégués ne maîtrisent pas d’autant plus que les textes à adopter sont écrits dans un jargon juridique que Keynes qualifiait de Cherokee.

De fait, Robertson subira l’influence de son grand ami Edward Bernstein, l’assistant de White qui le remplace souvent à la présidence de la Commission 1. Sans en informer son « chef », Keynes, il laissera passer l’amendement qui correspond exactement à ce que souhaitait White, c’est-à-dire la validation du seul dollar comme monnaie-clé. Il pourra alors l’introduire dans le texte à l’extrême fin de la conférence de telle manière que personne n’ait le temps de le lire avant de l’approuver. Keynes ne prendra connaissance de cette consécration du dollar qu’après avoir quitté Bretton Woods

Épilogue

Les illusions rooseveltiennes de gouvernance commune avec l’URSS sublimées par White ne tinrent pas au-delà de la Conférence de Yalta (février 1945), deux mois avant la mort de Roosevelt. Ce n’est pas se partager le sommet du monde que voulait Staline, mais se partager le monde en zones d’influence, ce qui n’est pas la même chose. Après avoir accepté le traité de Bretton Woods, l’URSS renoncera à le ratifier. Il est vrai que le nouveau président Harry Truman prendra vite ses distances avec son prédécesseur, y compris sur sa soviétophilie.

La Conférence de Savannah (mars 1946) qui mettra en place les deux institutions de Bretton Woods ne nommera pas Harry White à la tête d’une d’entre elles comme il était prévu. Un dossier accablant du FBI sur ses accointances avec le réseau d’espionnage « Silvermaster » (un autre fonctionnaire du Trésor) le compromettait trop.

Keynes, présent à Savannah, mourra quelques semaines après son retour en Angleterre. Harry Dexter White décédera lui aussi d’une attaque cardiaque en août 1948, juste après avoir comparu, à sa demande, devant le Comité Spécial sur les activités antiaméricaines de la Chambre des représentants. Il avait eu le temps de soutenir la candidature indépendante de l’ancien Vice-Président Henry Wallace qui aurait exprimé le souhait de le nommer vice-président ou secrétaire au Trésor. Malgré le soutien du Parti communiste (ou à cause de lui), Wallace n’obtiendra que 2,54 % des voix.

Entre-temps, le Département d’État reprenait la main sur les questions d’économie internationale. Le 5 juin 1947, le nouveau secrétaire d’État, le général George Marshall, prononçait à Harvard son discours historique. L’impossible redressement économique en Europe laissait un vide que l’URSS pourrait avoir la tentation de remplir. L’intérêt bien compris des États-Unis serait alors d’intensifier son aide à l’Europe, y compris aux pays vaincus. Dans son allocution, le secrétaire d’État se garde bien d’évoquer Bretton Woods, le FMI ou la Banque mondiale. De fait, ces institutions qui avaient été créées pour soutenir la reconstruction, la croissance et le plein-emploi ne seront pas associées à la mise en œuvre du Plan Marshall qui actera le début de la guerre froide (coup de Prague, blocus de Berlin).

Le système monétaire voulu par White a réussi sur un point : affirmer le dollar comme monnaie-clé du système monétaire internationale ce qui, pour lui, était l’essentiel. Mais il a aussi donné raison aux critiques de Keynes sur l’irréalisme des exigences américaines et sur l’insoutenabilité du système. White avait sous-estimé à la fois les difficultés des pays européens et la pérennité de l’excédent courant américain. Il faudra ainsi attendre la fin des années 1950 pour que les monnaies deviennent convertibles alors qu’elles s’étaient engagées à l’être bien avant. À partir des années 1960, les déficits jumeaux américains – budgétaire et courant – et la chute des réserves en or rendront insoutenable la convertibilité du dollar. La création d’un nouvel instrument de réserve – Droits de Tirages Spéciaux ou DTS –, qui sans être le bancor de Keynes, aurait pu s’en approcher, ne sauvera pas le système qui prendra fin en août 1971. Ce qu’avaient voulu éviter à la fois Keynes et White à Bretton Woods va maintenant pouvoir se réaliser : la volatilité des taux de change, la financiarisation de l’économie mondiale et le retour des crises.

On pourrait gloser longtemps sur le fait que White ait pu à la fois servir les intérêts américains et les intérêts soviétiques. Le fait est qu’il n’a pas vu la contradiction. Même les premières tensions de l’après-guerre, attribuées en bloc à la nouvelle administration Truman, ne semblent pas avoir remis en cause ses convictions.

Pour la petite histoire, le Président Nixon qui mit fin au système monétaire de Bretton Woods, fut aussi celui qui consacra son début de carrière (avant le sénateur Joseph McCarthy) à prouver la trahison de Harry Dexter White.

Jean-Marc Siroën, le 9 janvier 2023

Cet article reprend beaucoup de Mr Keynes et les extravagants – Tome 3 : le sommet du monde (2021). L’ouverture et l’exploitation des archives du FMI ont conduit à reconsidérer le mythe de Betton Woods et à insister davantage sur l’affrontement entre les Etats-Unis et la Grande Bretagne, incarnés respectivement par Harry D. White et John M. Keynes. On peut citer : Conway Ed, The Summit : The Biggest Battle of the Second World War - fought behind closed doors (2014) et Steil Benn, The Battle of Bretton Woods, John Maynard Keynes, Harry Dexter White, and the Making of a New World Order (2013). Malgré les tentatives de l’historien du FMI, James Boughton, de réhabiliter White, notamment dans Harry White and the American Creed : How a Federal Bureaucrat Created the Modern Global Economy and Failed to Get the Credit (2022), il paraît assez héroïque de nier les compromissions du bureaucrate avec l’URSS, suffisamment étayées aujourd’hui pour ne pas être mises sur le dos de la paranoïa maccarthyste. Il en est de même de l’insoutenabilité du système monétaire international que White réussit à faire accepter à Bretton Woods avec, il est vrai, un incontestable talent.

Notes

[1Avec la Charte de la Havane (1947) qui ne sera jamais ratifiée et la création du General Agreement on Tariffs and Trade (GATT) qui verra un nouvel affrontement entre les Etats-Unis et l’Angleterre mais cette fois dans un contexte de début de guerre froide. Voir James N. Miller (2000).

[2Bien qu’elle ne soit pas indépendante, l’Inde est représentée en tant que telle à Bretton Woods.

[3Officiellement le délégué du Comité français de libération nationale, le gouvernement du Général de Gaulle n’ayant pas été reconnu par le gouvernement américain.

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