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GEOPOWEB, LIRE LE MONDE EN TROIS DIMENSIONS (Géopolitique, Géoéconomie, Philosophie politique). Mondialisation « à front renversé » : politiques d’endiguement, lois extraterritoriales, guerres hybrides, sécurité stratégique...

JACQUES DELORS, L’EUROPEEN. Par Jean-Marc SIROËN

LE GEOINT MARITIME, NOUVEL ENJEU DE CONNAISSANCE ET DE PUISSANCE. Philippe BOULANGER

INTERDÉPENDANCE ASYMÉTRIQUE ET GEOECONOMICS. Risque géopolitique et politique des sanctions

LA RÉSILIENCE : UN RÉCIT PROGRESSISTE DE SUBSTITUTION FACE AUX MULTIPLES CHOCS DE LA POSTMODERNITÉ. Baptiste RAPPIN

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LA FIN DE LA SECONDE MONDIALISATION LIBÉRALE ? Michel FOUQUIN

DE LA FRAGMENTATION À L’INSTALLATION D’UN « DÉSORDRE » MONDIAL (I)

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LA GEOPOLITIQUE et ses DERIVES

A propos d´un billet de Thomas Piketty

Conférence de Bertrand Badie : Les embarras de la puissance (9 février 2014)

Conférence de Bertrand Badie : L’humiliation : une pathologie des relations internationales (6 novembre 2014)

NE PAS SE SOUMETTRE À L’HISTOIRE. IMPRESSIONS DE « DÉJA VU »

Quelques échos de l’histoire. Presqu’un siècle plus tard...

mardi 18 janvier 2022 Patrick LALLEMANT

« Où va la France, où va l’Europe ? Il n’est pas de citoyen, dans les deux hémisphères, qui ne se pose avec angoisse cette question. Elle reste généralement sans réponse ». « Quant à la Démocratie, qui devait assurer dans le monde entier l’équilibre social et la paix extérieure, à peine avait-elle renversé les derniers trônes, qu’elle subissait la crise la plus violente ».

On trouve ces phrases troublantes dans un livre de Francis Delaisi datant de 1925 : « Les contradictions du monde moderne (Payot, Paris) » [1]. Nous sommes dans les années 20, une décade de paix certes, mais un monde à la recherche d’un nouvel équilibre, des belligérants européens affaiblis, une SDN impuissante, tout ceci dans un contexte d’agitation sociale et de malaise politique. D’aucuns y verront aussi une certaine résonance avec « Les illusions perdus » (1837/1843 ) d’Honoré de Balzac, presque deux siècles plus tôt.

Aujourd’hui, presque un siècle plus tard... Impressions de « Déjà vu », dans une ambiance nationale et internationale chaotique, parfois « d’une guerre de tous contre tous », avec des similarités économiques et sociales. Si l’on abandonne la posture évolutionniste d’une marche irrépressible de l’humanité vers plus de bien-être (cf Les Trente Glorieuses), on peut entrevoir une forme de cyclicité de l’histoire. Par prudence on parlera plutôt des « échos » de l’histoire, qui s’enracinent sur « l’ignorance paradoxale » [2] de sociétés pourtant toujours plus éduquées et informées, mais techniquement et socialement complexes rendant possible le retour de passions tristes (populisme, rejet de la science...) [3], voire dangereuses.

« Aussitôt délivrés du joug des dynasties, les peuples vaincus, exaspérés par la souffrance, et voyant la liberté impuissante à leur donner du pain, se ruaient dans la dictature....... Le monde offre l’aspect d’un navire couché sur le flanc par une violente tempête, où les passagers se relèvent et s’agitent à tâtons au petit bonheur, se heurtant les uns aux autres, sans plan d’action » . [4]

Dans les interstices de la complexité interviennent les mythes et les utopies voire les idéologies, ces dernières pourtant largement disparues (en théorie) dans « L’ère du vide » [5] et pourtant... L’imaginaire mythique répond aux angoisses d’une société en péril face aux défis de l’avenir, en recherchant typiquement un sauveur héroïsé... Le mythe social crée la conscience collective. Mais aujourd’hui la diversité des consciences individuelles d’une société fragmentée rend plus difficile de se projeter sur un projet collectif. La légitimité du « mythe démocratique » s’est construite sur le maximum d’efficacité, un gage de sécurité et de bien-être pour tous. J.J. Rousseau a fondé le mythe de l’Etat par le contrat social [6] « en donnant pour fondement à la société, non plus un acte de la volonté divine, mais un contrat social librement conclu entre les citoyens ». C’est largement une construction imaginaire (George Sorel) [7]. Nous dirions aujourd’hui que le mythe crée un lien entre le local (moi, lui, la communauté) et le global (le collectif, la nation, le monde) jusqu’au moment où la turpide morale de certaines élites le détruise (J.E. G. Stiglitz) [8].

Si le mythe est proche de la réalité, tout va bien ! Mais un écart trop grand provoque alors, défiance, anxiété, désaffection voire violences. « Pourtant un jour arrive où l’écart est devenu si grand entre l’idée que les foules se sont formées du mythe bienfaisant et l’usage qu’on en fait, que le divorce apparaît aux yeux les moins prévenus........ Arrivé à ce degré, l’individu est possédé par une conviction qui domine tout son être ; du fond de son coeur, il croit à la mauvaise ou à la malhonnêteté de ceux qui ne pensent pas comme lui. L’homme qui possède la vérité devient facilement selon les circonstances, un bourreau ou un martyr. Le mythe finit toujours par être vaincu avec le temps car les sociétés évoluent ».

L’écart devient béant.« Les circonstances changent ; le monde économique évolue lentement, les conditions de vie se transforment, des problèmes nouveaux surgissent » [9]. La démocratie pour fonctionner, nécessite un minimum d’accord entre le pouvoir institué et la population. La question lancinante qui nous conduit aux interrogations contemporaines est la suivante : comment obtenir un consentement spontané pour des sacrifices au profit d’une organisation, dont le fonctionnement et les bénéfices échappent au plus grand nombre et qui a perdu sa légitimité ? Hier les mythes produisaient plus facilement une obéissance consentie par le respect de l’autorité, aujourd’hui « la défiance a remplacé la confiance ».

Max Weber analysait déjà le processus de rationalisation de l’histoire conduisant au désenchantement du monde par la disparition de la « magie », un monde désormais dépourvu de sens [10]. Le XXe fut le siècle du compromis avec l’Etat comme régulateur. Le XXIe est pour l’instant celui de « jeunes désenchantés », d’une crise climatique majeure, d’inégalités dignes du début du XXe. Selon Christian Salmon [11], le régime démocratique est aujourd’hui celui du clash et de la vindicte brutalisant les échanges. Conquérir le pouvoir ou « l’intérêt » passe par l’affrontement, les ruptures, la casse des vérités.« La polémique est le piédestal des célébrités » (Honoré de Balzac).

En passant des « mythes d’avant hier » (la nation, l’identité nationale, la frontière, l’American dream...) et « d’hier » (démocratie, self made man, imaginaire de l’âge d’or...), à ceux « plus récents depuis les années 80 » (mondialisation heureuse, nation building, ruissellement économique...), voire ceux « du contexte actuel » (identités, mythe néo-national, souverainisme etc...), on (re) découvre la violence économique qui sous-tend la crise démocratique et systémique (B. Badie) [12]. Hier la mondialisation heureuse, aujourd’hui une interdépendance dangereuse et inégalitaire !

Le mythe du ruissellement économique et de l’équilibre comptable (illusions ? manipulations ?) ont largement perdu de leur éclat. Le mythe des milliers d’emplois manquants est en partie levé par la découverte de leurs mauvaises conditions de travail, voire de leur identité négative (S. Paugam) [13]. Ils constituaient pourtant des outils pratiques pour faire refluer tout volontarisme social... Bien difficile pour les populations de s’inscrire dans un mythe d’authenticité ou républicain : « Etre soi-même : quel idéal de vie bénéficie d’une plus grande légitimité que celui de la réalisation de soi au travers de l’accomplissement de nos désirs les plus personnels ? »- problématique au coeur du dernier ouvrage de G. Lipovetsky - [14], dès lors que la société se construit dans le cadre de tribus, analysées de longue date par M. Maffesoli [15]. L’asymétrie d’information confirme aussi une nouvelle structuration et fragmentation sociale : des classes aux réseaux. L’émiettement du corps social et la perte d’efficacité des institutions d’une société de masse, rappellent la nécessité de faire partie d’un groupe, fondement essentiel (et anthropologique) de la vie sociale.

« La santé, l’environnement, l’alimentation doivent devenir des biens publics mondiaux. L’ ignorance stratégique ou culturelle de la nature systémique des enjeux contemporains de sécurité, favorise une mondialisation de la violence sous diverses formes », selon Bertrand Badie [16].

Les mythes et les utopies [17] s’expriment par des récits souvent fabuleux en construisant tout un imaginaire ou prenant au contraire un sens péjoratif, en opposition à la raison plus réaliste, parfois aussi dangereuse. La route 66, « The Mother Road » est aussi celle de la fuite et de la misère (J. Steinbeck, « Les raisins de la colère »). Les mythes peuvent aussi prospérer, faute de doctrine démocratique, d’action collective. La crise sanitaire a fait sauter « les verrous idéologiques ». Si elle a démontré de fortes ressources de micro-solidarité, elle a aussi confirmé la brutalité de « la guerre de tous contre tous », en particulier au niveau international. Résistance du dieu-marché, hyper-compétition et quête de la puissance..., L’asymétrie d’information et les dérèglementations clivent les acteurs : banques et clients, pouvoir de marché des grands groupes et entreprises émergentes, inégalités fulgurantes ... Dans son ouvrage « Peuple, Pouvoir et Profits » (2020), J.E. Stiglitz analyse les lois de la jungle en se concentrant sur ses graves conséquences sociales : réduction des biens communs et fragilisation démocratique. Evoquant le risque de disparition de la neutralité du net [18], il souhaite de façon urgente une réglementation démocratique, là où les intérêts particuliers priment (cf Gafam).

Pour B. Badie, « la nationalisation des problèmes » (un mythe destructeur et dangereux) et un marché tout puissant dérèglementé, appellent une nouvelle gouvernance. J.E. G. Stiglitz propose quant à lui, six nouvelles caractéristiques de l’économie nécessitant une intensification de l’action collective [19]. On espère toutefois que F. Delaisi et B. Badie aient raison au moins sur un point : l’interdépendance fait reculer le risque de guerre [20].
Pourquoi une telle défiance vis-à vis-de l’Etat et des politiques ? La crise de l’Etat, maintes fois mobilisée (utilisée ?) depuis des décennies, a construit la doxa du mythe de l’échec permanent de celui-ci. Une défiance culturelle aussi, en raison d’une absence d’éducation à comprendre son rôle (« réhabiliter l’impôt »). Sur le plan français, l’abandon du système colbertiste pour un modèle financier anglo-saxon inachevé - assorti au mythe politique de la Tech (qui clive également) - sont des renonciations à maintenir socialement une classe moyenne centrale, comme processus d’émancipation et de pacification.

« Pour mieux saisir l’usage qui est fait des concepts d’utopie et de mythe, il peut être utile de revenir au sens premier de chacun (l’utopie comme roman imaginant une cité parfaite, le mythe comme récit merveilleux d’un temps ancien ou du hors-temps des mondes divins » . [21]. Pour autant, Gerald Bronner interroge les mythes du complot, qui semblent envahir l’esprit de nos contemporains. [22]. Mais le complotisme n’est pas à sens unique, il traduit d’abord la défiance, un divorce d’avec la Science et les autorités politiques en mal de légitimation.

Le mythe social qui crée la conscience collective doit être remplacé par de nouvelles utopies... créatrices [23].

Dans une intervention prononcée en novembre 2014 au Forum international de l’Académie universelle des cultures, Dominique Schnapper déclare : « la réalité sociale n’est jamais conforme à l’Idée de la communauté des citoyens. C’est, là encore, une tension inévitable des sociétés démocratiques..............l’ordre social révèle inévitablement que certains sont plus égaux que d’autres. Mais la communauté des citoyens n’est jamais totalement réalisée, elle est inévitablement infidèle aux valeurs dont elle se réclame............... nous ne connaissons pourtant pas de meilleure idée pour rendre les sociétés des hommes plus humaines ou moins inhumaines ». [24]

C’est aussi un moyen de ne pas se soumettre à l’Histoire [25]. L’utopie a souvent été rendue possible en raison d’un problème de crédibilité dans les diverses formes de légitimation et d’autorité. Michel Aglietta dans son dernier ouvrage appelle à une nouvelle régulation économique pour une économie de biens communs (non excluables et rivaux) et démocratisés. [26]L’utopie (créatrice) devient une idée force, elle pousse à l’action et projette vers l’avenir. La démocratie produit par essence le désenchantement (liberté et égalité toujours inachevées), d’autant plus s’il n’y a pas de politique dans ce sens. Mais elle peut aussi s’inscrire dans une vision optimiste : ce qui n’est pas encore réalisé. Projection sur l’avenir mais incertitude voire page blanche, si toutefois l’on sort de la tyrannie des procédures, de l’hyper-compétition et de la recherche de la perfection pour lever la peur du futur ou l’illusion du high tech salvateur..

« Souvent méprisés, les hommes et femmes des classes moyennes, « ces aventuriers du quotidien » sont l’expression d’une continuité sociale, de la démocratie pacifiée et d’une fécondité contrôlée. Symboles d’une France de l’abondance des Trente Glorieuses, moment où « le présent avait un avenir » (J. Fourastié), elles se sont développées en même temps que les cathédrales marchandes (supermarchés) alors que les églises se vidaient ». [27]

Le (bon) mythe de la classe moyenne a disparu par la prédation et la capture des rentes et profits, la limitation de l’ascenseur social. C’est d’ailleurs un objectif de Joe Biden de retrouver une utopie créatrice par le possible accès aux classes moyennes (besoin de réussite et méritocratie) pour le plus grand nombre, une dynamique pour éloigner la démocratie américaine du populisme [28]. Une idée largement évoquée par J.E. Stiglitz dans son dernier ouvrage. Dans leur dernier livre [29], Jérôme Fourquet et Jean-Laurent Cassely étudient avec minutie et exemples-clefs la fragmentation de la classe moyenne qui se « démoyennise », en partie aspirée vers le haut, voire tirée vers le bas et même par « le côté » - en quête de sens par la recherche d’un nouveau mix culturel. Explications : perte du référentiel commun, dislocation de la matrice catho-républicaine, archipélisation et sécession des élites. « À ce phénomène en sablier, il faut ajouter qu’une minorité de la population entend faire « un pas de côté » vis-à-vis de la société de consommation : elle ne privilégie pas uniquement le premium ou les prix bas mais le sens dans ce qu’elle achète. C’est ce que nous appelons la démoyennisation par le côté ! »

Il est toujours intéressant de lire un ouvrage ancien, ce qui peut faciliter la prise d’un certain recul, une mise en perspective... L’objectif n’est pas de retrouver une logique répétitive voire cyclique de l’histoire, formant alors une démarche déterministe. Mais la prise de distance a ceci d’intéressant - en mettant en évidence certaines tendances lourdes au delà du bruit contextuel- qu’elle fournit une impression récurrente de balancier, donne une idée des avancées ou du vieillissement des problématiques. La période de la mondialisation contemporaine a une dimension systémique, rendant possible des ruptures ou des disruptions majeures, pas forcément celles du pire. Si Francis Delaisi insiste sur la nécessité du mythe [30], les sociétés post-modernes, pour retrouver un projet collectif, doivent s’inscrire plutôt dans des utopies créatrices porteuses d’avenir. Les mythes sont souvent imposés aux peuples et sont largement un regard sur le passé.

La lecture historique sera modeste. On ne saura dire si l’histoire se répète, elle bégaye plutôt. L’analyse systémique des conditions du changement doit nous éloigner des affirmations définitives, même si le présent est en partie éclairé par le passé. L’erreur peut aussi s’insinuer dans les grandes bifurcations historiques. F. Delaisi se trompe en affirmant : « si la nation doit subsister tout en perdant sa souveraineté, où se limitera son pouvoir ? Les deux éléments (le politique et l’économique) peuvent donc être séparés, sans dommage essentiel pour l’un ni pour l’autre [31]. La séparation de l’économique et du politique amènera la fin des guerres d’affaires. » Une séparation inenvisageable également dans le cadre interne pour J.E. Stiglitz !

Les historiens seront peut-être contents, les économistes un peu défaits, les sociologues en attente d’une lecture plus sociétale, les anthropologues... Le constat essentiel date toutefois d’avant la pandémie : grande fracture sociale, désindustrialisation et crise démocratique. Quant à Robert Littell, il affirme « L’accord tacite qui veut que la vertu soit le moteur de la démocratie ne vaut plus rien » [32], autre manière d’évoquer la turpitude morale selon J.E. Stiglitz. Il faut retrouver des utopies créatrices pour fédérer les micro-comportements, car ni le thème du déclin, ni l’idéologie woke, ni la doxa sur le recul de l’État (crise autorité/légitimité), ni le court-termisme de l’hyper-consommateur, ne fourniront une solution durable à la défiance. Ces tendances dissolvent plus encore l’unicité nécessaire dans la diversité, en faisant l’erreur de l’imputation causale. Au niveau international, les régimes autoritaires n’ont jamais ouvertement autant affiché leur mépris de l’universalisme des valeurs. Une conséquence inédite de l’échec d’un certain imaginaire : multilatéralisme, nation building, fondamentalisme du marché (J.E. Stiglitz)...

Un nouvel élan vers des biens communs « qu’il faut repenser » [33] (dont l’environnement), permettra de « retrouver la jeunesse », de sortir de la saturation du débat autour des passions tristes ! Tout autre chose qu’une simple stratégie de communication. « Ne pas se soumettre à l’Histoire », c’est aller de l’avant par des projets collectifs, car nous avons tous des sujets de vengeance (B. Cyrulnik) [34]. « Ne pas se soumettre à l’Histoire », est un chemin étroit pour éloigner le moment orwellien au niveau interne (populisme...) ou externe, que manient (bien) les régimes autoritaires dans leur recherche de puissance afin d’obtenir cohésion et adhésion de leur population (en mobilisant la Grande Histoire).
Repenser les biens communs passe bien sûr par le plan fiscal : « nous ne pourrons pas effectuer les réformes économiques dont nous avons besoin sans d’abord changer la politique... » à savoir « un système fiscal progressif, équitable et efficace, élément important d’une société juste et dynamique » (J.E. Stiglitz à propos des Etats-Unis). [35]

Un projet transversal qui permettrait de rapprocher les élites et la population : transition énergétique mais aussi arrêt de la désindustrialisation, préservation des entreprises stratégiques, bref une extension des biens communs. Une doctrine cohérente reste à construire. Si la terre est « bornée », l’esprit de création, les idées ne le sont pas ! Quant au projet européen ? Une prise de conscience est en cours, sa survie dépendra de la maîtrise du désordre interne et externe...

La construction de la post-modernité démocratique demeure incertaine. Par un effet de retournement, la question climatique, la mondialisation, l’abstention politique, le logement et la politique sanitaire... favorisent dans le contexte présent la fragmentation sociale et la rupture d’égalité entre les citoyens...

Patrick Lallemant, le 18 janvier 2022

Notes

[1Extraits tirés de : « Les contradictions du monde moderne ». Payot. Paris 1925 p.7 et 8. Francis Delaisi (1873/1947), est un écrivain, journaliste, syndicaliste, militant pro-européen et économiste français. Pionnier du combat en faveur de Dreyfus, fondateur de la Ligue des Droits de l’Homme à Rennes, il adhéra sous l’Occupation à la Ligue de la Pensée Française, proche du Rassemblement National-Populaire de Marcel Déat. D’origine modeste, son père Parfait Delaisi, charron de campagne est républicain, il est envoyé à l’école communale, puis entre comme pensionnaire au lycée de Laval en octobre 1885. Il effectue un parcours scolaire brillant. Il quitte le lycée de Laval, en 1895, pour poursuivre des études à Rennes. Il est licencié ès lettres. En 1898, il est révoqué de sa bourse, et quitte Rennes pour venir poursuivre ses études comme étudiant libre à Paris. Pourvu de son diplôme d’études supérieures d’histoire en 1900, il entre dans le journalisme. Marcel Déat : homme politique français, socialiste, puis néo-socialiste, puis d’extrême droite, figure de la Collaboration pendant l’Occupation, député SFIO de 1926 à 1928 et de 1932 à 1936. En 1933, il est exclu du parti pour ses doctrines de plus en plus autoritaristes et son soutien au cabinet Daladier Source : Wikipedia

[2F. Delaisi, op cit, l’ignorance paradoxale p.21

[3Les passions tristes selon Spinoza : haine, peur, anxiété...

[4op cit, p.9 et 13

[5Gilles Lipovetsky. L’ère du vide. Essais sur l’individualisme contemporain. Folios essais, avril 1989
Selon Friedrich Nietzsche « La vie a besoin d’illusions, c’est-à-dire de non-vérités tenues pour des vérités ». Le Livre du philosophe

[6J.J. Rousseau et le mythe de l’Etat, op cit p.49 et 64

[7Georges Sorel (1847/1922) est un philosophe et sociologue français, théoricien du syndicalisme. Ce polytechnicien était à la fois proche du marxisme et du fascisme italien. Il a influencé Charles Maurras. Sa pensée est très critique vis à vis du progressisme classique

[8J.E. Stiglitz. Peuple, Pouvoir et Profits. Les liens qui libèrent 2020. Sur la turpitude morale p. 137

[9op cit p. 69, p. 71, p.85

[10Le processus de rationalisation chez Max Weber | Cairn.info Le thème du « désenchantement du monde » (die Entzauberung der Welt) apparaît dans L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme (Gesammelte Aufsätze zur Religionssoziologie) à plusieurs reprises et Max WEBER en donne la traduction suivante : l’élimination de la magie en tant que technique de salut

[11Christian Salmon. « L’ère du clash ». Christian Salmon est écrivain. Il a publié en 2007 Storytelling : la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits. La Découverte. Il est aussi l’auteur de plusieurs essais littéraires. En 2017, il a publié un roman, Le Projet Blumkine.

[12Bertrand Badie. Les puissances mondialisées. Repenser la sécurité internationale O. Jacob. sept.2021 p.150

[13Doxa et mythe
La notion de mythe, pris dans le sens défini par Barthes, est beaucoup plus univoque. Le mythe individuel est un outil de l’idéologie, il réalise les créances, dont la doxa est le système, dans le discours : le mythe est un signe. Son signifié est un idéologème, son signifiant peut être n’importe quoi : « Chaque objet du monde peut passer d’une existence fermée, muette, à un état oral, ouvert à l’appropriation de la société. » (Barthes 1957 : 216) Dans le mythe, écrit Barthes, la chaîne sémiologique « signifiant/signifié = signe » est doublée. Le mythe se constitue à partir d’une chaîne pré-existante : le signe de la première CHAÎNE devient le signifiant du second. Barthes donne l’exemple d’une phrase figurant comme exemple dans une grammaire : c’est un signe composé de signifiant et signifié, mais qui devient dans son contexte de grammaire un nouveau signifiant dont le signifié est « je suis ici comme exemple d’une règle grammaticale » (Barthes 1957 : 222-223) Source : WikiMonde

[14Gilles Lipovetsky. Le sacre de l’authenticité, Gallimard, 2021

[15Maffesoli. Le temps des tribus : le déclin de l’individualisme dans les sociétés, Méridien Klinsieck Paris, 1988, Le Livre de Poche, 2000

[16B. Badie, op cit. Les puissances mondialisées.

[17Anne Marie Drouin. Mythes et utopies. Anne-Marie Drouin-Hans. Le Télémaque 2011/2 (n° 40), pages 43 à 54 Mythes et utopies | Cairn.info

[18J.E, Stiglitz, op cit, sur la neutralité du net p.185

[19J.E. Stiglitz, op cit. Six nouvelles caractéristiques de l’économie nécessitant une intensification de l’action collective

[20F. Delaisi, op cit, sur l’interdépendance

[21A.Marie Drouin,

[22G. Bronner. La démocratie des crédules. PUF, mars 2013

[23Les utopies créatrices, L’utopie créatrice Textes bien-aimés (mediapart.fr)
L’idéologie et l’utopie Ricoeur P. L’idéologie et l’utopie (cnam.fr)
Là où l’idéologie est légitimation, l’utopie est une alternative au pouvoir en place.
Si toute idéologie tend à légitimer un système d’autorité, toute utopie, en fin de compte doit s’affronter au problème du pouvoir. L’utopie est rendue possible parce qu’il existe un problème de crédibilité dans tous les systèmes de légitimation et d’autorité.

[24Dominique Schnapper, citation lors de sa conférence

[25Boris Cyrulnik : Si on se soumet au passé, alors on va se faire la guerre. La Grande Librairie, 4 nov. 2021

[26M. Aglietta. Capitalisme. Le temps des ruptures. O. Jacob, 2019

[27Patrick Lallemant. Et si une France forte était une France moyenne ? Article juin 2006

[28J.E. Stiglitz, op cit

[29J. Fourquet et Jean-Laurent Cassely. La France sous nos yeux. Économie, paysages, nouveaux modes de vie. Editions du Seuil 2021

[30F. Delaisi, op cit, p.21

[31F. Delaisi, op cit,

[32Robert Littell, Et ce qui est peut-être plus crucial encore, c’est que l’accord tacite qui veut que la vertu soit le moteur de la démocratie ne vaut plus rien. Soyons honnêtes : peu d’entre nous avaient compris que le modèle américain était si fragile. Article du Monde. R.L est un écrivain américain, notamment l’auteur de La Compagnie. Le grand roman de la CIA (Buchet-Chastel, 2003). Dernier ouvrage, Koba, est paru en 2019 aux éditions Baker Street.

[33Repenser les biens communs. Béatrice Parance et Jacques de Saint Victor. CNRS éditions, 2014

[34Boris Cyrulnik : si on se soumet au passé, alors on va se faire la guerre. La Grande Librairie, 4 nov. 2021

[35op cit p. 221, 250

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