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L’ACTUALITE DE KARL POLANYI. Par Nadjib ABDELKADER

jeudi 24 septembre 2020 Nadjib ABDELKADER

L’auteur (1) nous propose un bel article universitaire sur l’actualité de Karl Polanyi qui passionnera économistes et historiens. Au moment où, nous sommes manifestement engagés dans un nouveau cycle historique de la mondialisation et du capitalisme, il est utile (voire troublant) de réinterroger les grands concepts de K. Polanyi, grand penseur de la première mondialisation libérale. Il va bien au delà des notions bien connues d’encastrement et de désencastrement de l’économie. Karl Polanyi est un « technocritique » qui analyse le triptyque technique/liberté/régime politique. N. Abdelkader interroge ces trois piliers dans le cadre d’une mondialisation contemporaine qui est d’abord une crise de sens. K. Polanyi nous fournit une réflexion géopolitique systémique basée sur le primat de l’économique : rôle de la finance dans la puissance et la Pax Britannica, décomposition et dislocation sociale expliquant le fascisme, rôle de la technique et de la machine etc... Tous ces questionnements sur les « bienfaits » du marché autorégulateur et les « bienfaits » de la technique nous ramènent à une nouvelle Grande Transformation que connaît le monde aujourd’hui au moment où, nous assistons peut-être à la mise en place d’une nouvelle géopolitique. K. Polanyi n’est pas une voix du siècle passé...

(1) Nadjib ABDELKADER a obtenu un Master en Histoire des pouvoirs et des savoirs, sur l’art militaire des Chinois (ss direction de J.P. Duteil, Université Paris). Il se passionne pour les questions liées à l’aliénation au sein des sociétés modernes. Il a coécrit un ouvrage présentant les principales idées de Karl Polanyi.
Karl Polanyi et l’imaginaire économique » avec Sebastien Ploiniczak (1977-2020, Université polytechnique des Hauts-de-France et laboratoire CRISS) et Jérôme Maucourant (Université Jean-Monnet de Saint-Étienne, membre du laboratoire Triangle (UMR-CNRS). Editions Le passager clandestin

L’ACTUALITE DE KARL POLANYI. Par N. ABDELKADER

Dans les années 1970, Ivan Illich publiait depuis le Mexique un livre qu’il présentait comme un épilogue à l’ère industrielle dans lequel il disait que si les sociétés non soumises à la civilisation industrielle pouvaient passer sans trop de dégâts à un mode de vie post-industriel, pour les pays industrialisés, cela ne se ferait pas sans passage par des crises et des vents de panique.

Cinquante années plus tard, il semblerait que l’on soit capable de mesurer une certaine dimension prophétique de ce qui malgré les apparences, reposait sur une analyse rationnelle du monde moderne et de ses lourdeurs. L’auteur de cette réflexion était un lecteur éclairé et attentif de Karl Polanyi, qu’il évoquait ouvertement dans certains de ses textes. Il semble donc que la lecture de ce penseur d’origine hongroise, loin de seulement nous aider à comprendre un contexte historique précis et borné dans le temps et l’espace, nous éclaire sur l’essence et la dynamique du monde moderne et de ses circonvolutions.

Né le 25 octobre 1886 à Vienne, c’est à Budapest que grandit le jeune Karl. En 1908, il participe au Cercle Galilée destiné à lutter contre l’analphabétisme et la réaction dans les universités. Une année plus tard, il est diplômé en droit. Engagé politiquement en 1914, il quitte Budapest en 1919 pour Vienne et commence une florissante carrière de journaliste. A partir de 1920, il entame un débat de 5 ans avec le très libéral Ludwig von Mises au cours duquel il développe une vision originale du socialisme de la liberté, reposant sur une forte décentralisation. En 1922, il critique avec force les procès de Moscou, la centralisation, l’autoritarisme et 40 ans avant la revue Socialisme ou Barbarie, la bureaucratisation, avec une approche ni social-démocrate ni marxiste orthodoxe. C’est d’ailleurs à partir de 1927 qu’il s’affirme de plus en plus comme socialiste.

Suite à la mise en place d’un régime autoritaire et la montée du nazisme en Allemagne, il quitte l’Autriche pour l’Angleterre en 1933. il y découvre une réalité contrastant avec l’image d’une Angleterre prospère véhiculée par une certaine anglophilie littéraire : un pays couvert de misère telle que décrite par George Orwell dans « Le quai de Wigan ». Après une période de va et vient entre l’Angleterre et les Etats-Unis, c’est en 1944 que parait son livre le plus connu, La Grande Transformation, et il devient par la suite professeur à l’université de Columbia. A cause de la vague du Maccarthisme qui balaye alors le pays, il quitte avec son épouse, Ilona Duczinska, elle-même militante communiste, les Etats-Unis pour le Canada. En 1953, il prend une retraite très active, qu’il emploie en s’engageant dans des travaux d’anthropologie économiques, mais publie toujours des textes politiques. Il décède le 23 avril 1964 à Pickering au Canada. 13 ans plus tard, est publié à titre posthume « la subsistance de l’homme », sur l’économie dans les sociétés antiques, principalement en Grèce, réaffirmant du même coup sa dénonciation de ce qu’il considérait être une imposture économiciste : economistic fallacy.

C’est donc un auteur d’une grande envergure qui semble-t-il pourrait avoir encore des choses à nous dire sur notre monde.

LE SYSTEME INTERNATIONAL

Si l’artisan médiéval vendait ses marchandises sur les marchés, son but n’était pas nécessairement de s’enrichir et accumuler capital et biens matériels, mais de réaliser un chef d’œuvre témoignant de sa plénitude atteinte dans son art et son rapprochement avec Dieu. C’est dans une optique comparable que fût réalisé La Grande Transformation en 1944, réaliser une sorte de chef d’œuvre témoignant d’une plénitude intellectuelle atteinte par son auteur dans son art de l’étude et de la compréhension du monde. Karl Polanyi y propose une lecture originale et novatrice, mais surtout sonnant juste, des origines de la situation du monde à la fin de la seconde guerre mondiale. Cette lecture eut un certain retentissement, puisque l’ouvrage fut traduit en plusieurs langues, bien que sa traduction française fut particulièrement tardive (1983). Plus qu’un simple livre, c’est d’avantage une voie d’analyse et des concepts d’une surprenante actualité qui nous est proposé par son auteur.

Dans la courte mais dense première partie de La Grande Transformation, Polanyi dissèque le système international de la civilisation du XIXe siècle, qui se mit en place non pas à coup de sommets internationaux mais au fil du temps et des évènements qui marquèrent la révolution industrielle. Celui-ci eut comme effet d’éviter les conflits opposants directement les nouvelles grandes puissances antagonistes : France, Angleterre, Allemagne, Italie, Autriche-Hongrie, Russie, et dont les élites formaient à la fin des guerres napoléonienne la Sainte Alliance. Et si un tel édifice explosa finalement en 1914, il permit néanmoins, à première vue, chose unique dans l’histoire de l’Europe occidentale, de vivre un siècle de paix apparente. Pour Polanyi, ce système reposait sur 4 piliers qu’il regroupe en deux catégories : les institutions politiques (l’équilibre des puissances et l’Etat libéral) et les institutions économiques (l’Etalon or international et le marché autorégulateur, self regulating market) [1] .

Sous cette apparence de paix mondiale, se cache en réalité un monde effervescent ou explosent moult conflits ethniques, révolutionnaires, contre-révolutionnaires etc. à l’intérieur même des grandes puissances, qui trouvèrent leur épilogue sous les fusils de la Sainte Alliance. L’on y trouve aussi nombre de conflits entre puissances secondaires, peu ou pas industrialisés, sous-traitant les guerres au service des grandes puissances. Enfin, les campagnes impérialistes contre les mondes non industrialisés en Afrique, au Moyen Orient, l’Inde et l’Asie orientale.

Polanyi met aussi en avant le rôle de la haute finance, qui n’est pas à proprement parler une institution structurée et organisée, mais une sorte de nœud composé par l’ensemble des différents intérêts financiers et industriels et agissant d’un même mouvement comme un banc de poissons. Si elle permit de maintenir une certaine stabilité entre les Grandes Puissances, tout en servant de pilori permettant d’assujettir les anciens empires peu ou non industrialisés (Chine, empire Ottoman, Perse), du fait qu’elle ne fut jamais structurée ou organisée ni par une institution ni un traité, son rôle international de garde de paix tenait plus de l’accident de l’histoire ou de la loi de disponibilité. C’est avec le soutien des canons de cuirassiers qu’elle incitait les vieux empires à changer leurs organisations des pouvoirs en adoptant des régimes constitutionnels et réformateurs, jugés plus adaptés à la nouvelle donne. Alors que dans les anciens régimes, c’était la fonction de violence et les détenteurs de son monopole qui avaient à leur service la fonction du commerce, de la dette et du crédit, le pouvoir passe aux mains de cette dernière qui se retrouvent maitre des premiers.

« L’étalon or et le constitutionalisme furent les instruments qui firent entendre la voie de la City de Londres dans de nombreux petits pays qui avaient adopté ces symboles de l’adhésion au nouvel ordre international. S’il arrivait à la « Pax Britannica » de devoir le maintien de sa domination aux prestiges menaçants des canons d’un navire de guerre, elle prévalait plus fréquemment en tirant à propos les fils du réseau monétaire international. » [2]

Enfin, il explique comment en 1881, la Dette fut l’instrument utilisé pour asservir l’empire Ottoman :

« Cette paix stupéfiante fut rendue effectivement par le décret de Mahanem qui établit la Dette ottomane à Constantinople. Les représentants de la haute finance furent chargés de gérer l’ensemble des finances turques. »  [3]

Nous avons donc avec Polanyi un historien et un penseur de la première mondialisation libérale, ses institutions, leurs esprits et fonctionnement, mais aussi les racines de son effondrement. Il y explique l’imbrication des institutions politiques et économiques dans la marche de cette nouvelle entité politique : le Monde. Il y décrit un ordre changeant sans cesse au gré des agitations politiques et économiques aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale. Il décrit un monde soumis aux réactions en chaine.

Vers la fin de la dernière partie, il annonce :

« pour comprendre le fascisme allemand, nous allons revenir à l’Angleterre de Ricardo » [4]

Alors que la plupart des historiens tentent d’expliquer la montée du nazisme par les conséquences de la crise de 1929, l’humiliation du diktat de Versailles en 1919, le soutien de la bourgeoisie industrielle allemande ou encore des bases idéologiques du XIXe siècle, Polanyi prend le parti d’expliquer ce phénomène historique par la révolution sociale, politique et culturelle qui toucha l’Angleterre à partir des Tudor : le mouvement des enclosures. Clairement, pour lui, le fascisme n’est pas une opposition réactionnaire au progrès ou au monde libéral, le monde des Lumières, comme voudrait le faire croire une certaine vulgate libérale, mais plutôt son enfant agité, brutal, mais vu (toutefois perçu) comme nécessaire face à la possibilité d’une révolution sociale. Plus que la simple manipulation des pulsions d’une foule haineuse, le fascisme résulte d’avantage d’une décomposition sociale interne aux différents pays soumis à un ordre nouveau, utopique car jamais vu nulle part dans l’histoire : la société de marché. La géopolitique de Polanyi ne consiste pas en une simple analyse des relations et interactions des différents acteurs internationaux, mais commence par la prise en compte des phénomènes sociaux, économiques et culturels au sein des différentes nations.

LA FABLE ECONOMICISTE

Chez Polanyi, pour comprendre la marche du monde, il faut donc comprendre ce qui le façonne, c’est-à-dire l’économique. Afin de comprendre sa pensée économique, il convient de comprendre la signification du terme « économie ». Issu du grec « Oikos » qui signifie maison ou foyer (nous dirons la maisonnée) et « nomos » signifiant affaire ou gestion, le terme oikonomos désignait chez Aristote la gestion des besoins de la famille au sein d’une maisonnée. Mais depuis l’époque des Lumières, elle est devenue une idéologie politique et sociale, ainsi qu’écologique, avec pour postulat de base la rareté des ressources. Ce postulat de base change radicalement les attitudes vis-à-vis de l’environnement : puisque les ressources sont rares, il faut s’empresser de les exploiter et accumuler avant d’arriver à l’état de manque. C’est ce qu’il appelait économie formelle comme exposé d’un processus d’autoréalisation, c’est-à-dire qu’il prend forme à mesure que les gouvernements écoutent et appliquent les exposés des économistes experts et leurs recommandations. Par opposition, à partir de sa lecture d’Aristote, il parle d’une économie substantive consistant à observer les processus de production et échange d’une société, étudier sa subsistance, pris dans son contexte social, institutionnel et environnemental. L’économie chez Polanyi n’est plus une théorie de la production et redistribution optimum, avec allocation des gains générés par le marché ou la puissance publique, mais un procès institutionnalisé, enchâssé (ou encastré) dans le tissu social . [5]

Remontant les origines du monde de son temps, il revient au mouvement des enclosures et déroule le fil de ce qui n’est jamais un récit déterministe de l’histoire, mais une trajectoire historique qui n’est pas rectiligne ou continue, mais bien au contraire jalonnée de résistances, réactions et coercitions d’une extrême violence. [6] Il mit alors en lumière un paradoxe qui depuis le XVIIe siècle n’a toujours pas été dépassé : une croissance économique certaine et une amélioration du régime de production et des conditions matérielles, mais avec en même temps une forte dégradation de la qualité de vie des hommes. En effet, alors que les enclosures aboutissaient à un accroissement des revenus et conditions matérielles, y compris des plus pauvres, ces derniers voyaient leur société et environnement perdre en cohérence et cohésion. C’est toute cette série de dislocations sociales qui paupérisaient une population perdue dans un désert de sens.

Nous sommes là devant une première idée forte de Polanyi : la misère est d’abord une condition culturelle et sociale avant d’être une question économique. Hélas, aveuglée par une grille de lecture économiciste, l’histoire des révolutions industrielles, anglaise et européenne, américaine et maintenant la montée des BRICS, demeurent pour les intellectuels marxistes comme libéraux des phénomènes incompréhensibles :

« Rien n’obscurcit aussi efficacement notre vision de la société que le préjugé économiciste » [7]

Clairement, Polanyi est un critique radical de cette économie formelle qui brouille la perception des problèmes. Dans La Grande Transformation, il pointe les insuffisances philosophiques et les erreurs anthropologiques d’Adam Smith, qui peuvent s’expliquer d’avantage par des préjugés reposant sur l’idéologie de l’homo économicus, alors même qu’il était assez bien informé de la vie des peuples des autres continents [8]. Il revient régulièrement sur ces glissades d’une pensée centrée sur l’économicisme [9]. Quelques années plus tard, il reviendra sur les insuffisances d’une doctrine erronée à la base et de l’attitude irrationnelle et bornée d’une élite sociale, politique et même académique, qui se maintient dans une vision de la société et des hommes figée et issue des spéculations de philosophes des Lumières jugées indépassables.

« Aujourd’hui, peu de spécialistes des sciences sociales acceptent dans son intégralité la conception naïve du siècle des Lumières concernant l’homme primitif qui jouit de sa liberté et troque ses biens dans la brousse et la jungle pour organiser sa société et son économie. Les découvertes de Comte, Quételet, Marx, Maine, Weber, Malinowski, Durkheim et Freud tiennent une place prépondérante dans l’accroissement du savoir moderne, selon lequel le procès social est un tissu de relations entre l’homme en tant qu’entité biologique et la structure unique des symboles et des techniques qui permet à son existence de se maintenir. Mais bien que nous ayons découvert la réalité de la société, le nouveau savoir n’a pas produit une vision de cette société comparable en popularité à l’image traditionnelle de l’individu atomistique. […] le spécialiste des sciences sociales est encore gêné par une conception héritée, selon laquelle l’homme est une entité dotée d’une propension innée à troquer et à échanger une chose contre une autre. » L’idée se maintient en dépit de toutes les protestations qui s’élèvent contre l’ « homo oeconomicus » et les tentatives intermittentes de fournir un cadre social à l’économie. »  [10]

S’installe alors une sorte de scolastique économique qui ne tenant compte d’aucune observation du réel, s’enferme dans une sorte de raisonnement en circuit fermé auto-entretenu. L’économie formelle, de la plupart des économistes professionnels n’en devient qu’un empilement d’analyses et de concepts abstraits à propos d’un monde abstrait. Apparait alors un déterminisme économique qui à l’instar de Gaia engendrant Ouranos, engendre à son tour une forme de fatalisme historique.

Cette dislocation sociale résulte de de deux phénomènes liés par le fait que l’un fut une tentative d’atténuer les conséquences de l’autre, tout en permettant le développement des causes du renforcement de cette dislocation première. Une de ces transformations radicales consiste en la création des marchandises fictives : marchandises car mises en vente sur un marché, fictives car elles n’ont pas été créés pour cela : la monnaie, la terre et l’homme.

1. La monnaie, c’est la souveraineté politique. En effet, dans l’histoire aussi bien des 1ers Etats que des empires et autres monarchies, à travers le monde (Japon, Chine, monde islamique, occident médiéval etc.), la monnaie ne fut jamais autre chose qu’un signe de souveraineté du palais, une sorte de sceau posé sur les rapports et les flux marchands. Par exemple, par un édit de Philippe VI du 16 janvier 1347, battre monnaie devient un monopole royal.
2. La Terre est la nature, c’est-à-dire l’environnement naturel et l’habitat des hommes que ces derniers institutionnalisent et avec laquelle ils ritualisent leurs rapports (A noter que plus de 30 ans avant Philippe Descola, Karl Polanyi comprend que la nature est une institution sociale qui ordonne le rapport entre humains et non humains, ce qui ne signifie pas qu’il faille tout relativiser, bien au contraire).
3. L’Homme est la force de travail, devenue marchandise, soumettant celui-ci à la loi de l’offre et de la demande et ses instabilités, rendant la subsistance des hommes incertaine.

L’autre mesure accompagnant cette dernière marchandise fictive est la loi sur les pauvres du Speenhamland, allocation accordée aux pauvres afin de leur permettre d’acheter du pain et de misérablement subsister. Cette mesure eut pour conséquence d’installer ses bénéficiaires dans la passivité physique et intellectuelle et de les placer dans un rapport de dépendance avec les autorités de la paroisse.

Les marchandises fictives marquent un tournant décisif mais négligé dans l’histoire car pour la 1er fois, Terre, Monnaie et Hommes sont soumis aux mécanismes d’un système autorégulateur de marché (à ne pas confondre avec les marchés qui ne formaient jamais de système connecté universel). Et c’est en cela qu’une telle société est utopique. La marchandisation de la nature depuis le mouvement des enclosures eut comme conséquence de jeter dans la misère une masse d’hommes subsistants de façon relativement autonome qui, au grand dam des élites sociales du royaume, n’avaient jamais eu l’idée de se lancer dans une course à l’enrichissement . [11]. La marchandisation de l’homme eut pour conséquence la formation d’une masse de force de travail que l’on peut acheter sur un marché comme une paire de chaussures. La création d’un marché du travail fut également rendu possible par le Speenhamland. La marchandisation de la monnaie rendait alors toute politique autre que d’adapter la société au marché impossible : There Is No Alternative !

Ces désencastrements des siècles précédents ont lancé une gigantesque réaction en chaine qui croît sans fin jusqu’à nos jours : la marchandisation de la Terre eut pour conséquence de transformer légalement et socialement la nature en un réservoir de ressources exploitables pour entretenir l’appareil productif et le régime de consommation, afin d’accroitre ce que Marx appelait l’accumulation de capital : la croissance.

Cette croissance continue est en rapport avec l’extension permanente du domaine du marché, générant un mouvement de création exponentielle de marchandises fictives nouvelles. La terre marchandise a donné naissance aux ressources minières sur-exploitables, brevetage de semences et de molécules par des firmes toutes puissantes contrôlant la nutrition et les soins des hommes. L’homme marchandise donne naissance aux marchés des organes pour des greffes et ensuite un marché de la procréation. La souveraineté marchandise transforme les sociétés en système productif mais aussi en marché avec plus ou moins de coercition, comme l’Australie semblant dériver vers une société dystopique.

Cette nécessité de coercition s’explique par le phénomène de contre-mouvement au sein de la société. En effet, celle-ci refusant de se laisser réduire à n’être qu’une annexe du marché, jusqu’à se faire phagocyter, finit par y opposer des résistances via des aspirations démocratiques et d’instauration de gouvernements populaires qui se voient confier le mandat de contrôler l’économie et de protéger la société contre les dislocations inhérentes au système. A cela, durant les années 1930, la réponse des forces du marché fut le fascisme (ou le nazisme) qui loin d’être un mouvement réactionnaire, fut un mouvement révolutionnaire des élites d’une société de marché pour empêcher la possibilité d’une révolution populaire. Après la guerre, durant sa période nord-Américaine, Polanyi voyait déjà pointer la future réponse à un contre mouvement social par l’instauration non pas d’un régime aussi brutal que le fascisme (qui a échoué), mais par l’instauration d’un système social basé sur un conformisme malsain et terrifiant . [12]

DIALECTIQUE DE LA TECHNIQUE

Le problème de la technique et la machine tient une place importante dans l’héritage intellectuel de Karl Polanyi. En effet, dès 1947, juste après avoir écrit La Grande Transformation, il qualifie son époque comme étant un « achèvement du siècle de la machine » décrit comme inquiétant. Pour lui, cette question ne se limite non pas juste à la question des réussites matérielles du système autorégulateur de marché, mais touche d’avantage la question des techniques telles qu’elles se sont constituées au sein d’une société industrielle. Aussi, cet accroissement de la production n’est pas dû à l’efficience du système en lui-même, mais d’avantage à la « soumission volontaire et, il faut le dire enthousiaste, de l’homme à la machine » [13] . A vrai dire, pas si enthousiaste que cela car si les élites économiques, culturelles et politiques pouvaient se montrer effectivement dithyrambiques pour la plupart, les mouvements populaires et intellectuels ne partageaient pas forcément ce sentiment [14] . Néanmoins, il parle bien de relation de soumission entre la machine (intimement liée à l’organisation sociale) et la société disloquée qui n’attendait plus qu’à être façonnée.

Déjà dans La Grande Transformation, reprenant un document officiel du XVIIe siècle qui parle de la préservation et de l’innovation :

« Un document officiel de 1607, préparé pour l’usage des lords du royaume, pose en une seule phrase vigoureuse le problème du changement : « L’homme pauvre sera satisfait dans son but : l’Habitant ; et le gentilhomme ne sera pas entravé dans son désir : l’Amélioration. » Cette formule semble admettre comme allant de soi ce qui fait l’essence du progrès purement économique : améliorer au prix du bouleversement social. »  [15]

Polanyi décrypte la relation intime entre l’amélioration de l’appareil productif et la dégradation de l’environnement dans lequel vivent les pauvres qui souhaitent le préserver. Il place donc ici les débats sur une autre optique que l’opposition banale « progressiste vs réactionnaire ». Cette machinerie nouvelle, de plus en plus puissante s’impose à une société incapable de lui astreindre des limites et la façonne selon ses besoins. C’est ainsi, d’avantage que le capitalisme ou la société de marché elle-même, de la civilisation industrielle dans son ensemble, qu’il s’agit :

« La société a fait de la centrale électrique et de l’usine son siège ; son idéal était l’homme moyen, interchangeable comme une pièce de rechange. La science au service de la machine, a créé des explosions gigantesques ainsi que les mass-media. La peur physique engendrée par l’atome était de nature différente de la peur commune, et la conformité des structures mentales les mass-média était immédiate et précise. L’éclair d’Hiroshima a mis en lumière un vide humain » [16]
Le problème est qu’alors que la technique et la machine prennent de plus en plus d’importance, l’homme moderne peine à comprendre son nouvel environnement. La faute à une certaine vision économiciste et libérale qui enferme l’esprit dans un déterminisme historique et le mythe d’une histoire forcément progressiste. C’est ainsi qu’en plus de croire aux bienfaits inconditionnels d’une société de marché, l’on croit autant aux bienfaits de la machine. Il déplore une forme de brouillage causé par l’idéologie libérale qui finalement bouleverse l’image que les hommes ont d’eux-mêmes, annihile leurs capacités de recul en phagocytant la subsistance traditionnelle . [17]

Cette dislocation sociale face à l’émergence de la société de marché et les coups de butoir de la machine n’est pas sans conséquence. En 1957, face au mythe d’un progrès technique forcément bienfaiteur, il pointe le phénomène technicien comme devenant un système social, un « phénomène social total » qui se substitue aux traditions et institutions populaires organiques. Aux villages et communautés rurales, prennent place des villes champignons surpeuplées, polluées, misérables, insalubres, où poussent nombre de fléaux sociaux et sanitaires. Ce changement a précarisé aussi bien les individus que la société elle-même, rendue dépendante d’un système technique ou technicien. S’installe alors un régime de contrôle social avec sa hiérarchie d’airain et ses brutalités. Dès le XIXe siècle, un système de surveillance de masse était en cours de formation . [18]

Se met alors en place ce qu’il qualifie d’aliénation, c’est-à-dire le sacrifice d’un certain nombre de valeurs et visions du monde pour l’édification d’une société technique. En 1955, Polanyi voit dans la technique l’objet d’une foi dangereuse pour la société, menaçant une valeur importante pour ce socialiste : la liberté. Clairement, il n’est pas question ici de la liberté du libéral (laissez-faire et depuis l’avènement de la société de consommation, la liberté comme marchandise immatérielle fournie par des institutions), mais la liberté d’être.

« Comme nous allons le voir, nous pourrions à cet égard avoir à reconnaître l’existence d’un lien, plus intime qu’il n’y parait de prime abord, entre les avancées énormes auxquelles nous assistons vers une civilisation technique et la menace contre la liberté, qui est actuellement latente dans le monde entier. » [19]

Ce danger qu’il pointe n’est pas l’instauration d’une dictature, comme en Italie, qui en dépit de sa brutalité élevé au rang d’habitus politique mais qui sur les esprits s’est finalement avéré avoir un impact superficiel, mais d’avantage l’instauration d’un conformisme rigide sur la société, comme narré quelques années plus tard par Pier Paolo Pasolini décrivant les paysans du documentaire Fascista de Nico Naldini. Il y observait que les paysans italiens rentrant à la ferme après un regroupement du parti fasciste, retiraient leurs uniformes pour retrouver leurs habits traditionnels. Il mettait alors cette attitude en rapport avec la transformation consumériste qui devenait le nouvel habit permanent des jeunes italiens [20] . L’ancien totalitarisme forçait à la soumission, le nouveau forme et façonne. Polanyi pointe l’uniformisation des mœurs et pensées noyée dans un averagisme (moyennisme en français), c’est-à-dire le désir de ressembler à son voisin en tout point, accouplé à la peur de s’en différentier de quelle que manière que ce soit et qui sape non seulement les individus, mais la société dans son ensemble [21] . Il met en parallèle les totalitarismes soviétique et allemand mais aussi la situation dans le monde dit « libre » qui, si ils sont politiquement incomparables, menacent autant personnes et sociétés dans son essence. De là, il pointe ce que ces 3 modèles ont en commun : la technique ou un certain rapport fétichiste ou dangereux, avec la technique.

« Qu’ont donc en commun des civilisations aussi différentes et même antithétiques ? C’est à ce stade que la technique entre en jeu et c’est là la seconde partie de notre étude. Dans tous les cas, nous nous trouvons face à une société vaste et complexe, où le progrès technique domine. Est-il possible que le progrès technique ouvre la voie à des tendances totalitaires ? » [22]

En effet, les totalitarismes les plus extrêmes et ancrés ont en commun d’avoir germé dans des pays soit très avancés sur le plan technique (Allemagne) soit se technicisant à marche forcée (URSS) soit encore une société de marché industriellement très puissante (Etats-Unis). Dans ce dernier exemple, le totalitarisme prend une autre forme que politique plus fluide, elle s’incruste dans la société en devenant l’environnement de vie et sensoriel des individus.

« Dans ce pays, l’apogée du système industriel déchaine l’énergie atomique à un moment où les nouvelles techniques ont déjà synchronisé les perceptions visuelles et auditives de dizaines de millions d’individus par l’introduction générale des médias électroniques de la communication masse, le film muet, puis parlant, pour finir par la télévision. »  [23]

Alors se pose la question de la relation entre totalitarisme, liberté et technique (industrielle). A partir d’une réflexion sur les relations entre pouvoir, peur et liberté il pointe une caractéristique de la technique [24] : si le pouvoir produit de la peur au sein du bas de la société, l’inverse est également vrai et cette peur nourrit le pouvoir technicien ! La technique crée un pouvoir illimité du haut de la société vers le bas, mais aussi inversement et, via les moyens de communications, produit une volonté de conformisme. Aussi, alors que la technique devrait donner les moyens de surpasser et vaincre l’objet de ses peurs, la société qui lui est soumise devient objet de peur ! Cela est pour Polanyi dû aux effets secondaires de la technique, devenue si puissante qu’elle semble capable

d’annihiler toute forme de vie. Cette technique hypertrophiée met la société devant sa précarité comme si sa puissance et son pouvoir était finalement source de fragilité. [25]

Si Karl Polanyi ne rejoint pas les thuriféraires progressistes de la technique, il n’est pas pour autant ce que ces derniers appellent un « technophobe » ou un réactionnaire, mais ce que François Jarrige appelle un « technocritique », en ce sens qu’il adopte une attitude critique vis-à-vis des phénomènes techniques modernes. Il met en lumière la relation entre technique, mode de civilisation et organisation sociale : la civilisation du laissez-faire a engendré les techniques industrielles qui ont elles-mêmes façonné la civilisation du laissez-faire. C’est ainsi une proposition de dialectique de la technique qu’il soumet à ses lecteurs, à l’heure de l’inquiétante croissance des pouvoirs de la Silicon Valley, des si technophiles République Populaire de Chine, Japon, Corée du sud ou la société dystopique de Singapour (ou bien plus modestement, la start-up nation de Macron). Sans parler de l’influence grandissante et manifeste des grandes firmes pharmaceutiques visant à contrôler la santé des hommes, ou enfin une certaine écologie qui n’a d’autres propositions que de substituer à des techniques industrielles d’autres techniques industrielles (sans oublier certaines tentations de la coercition face à l’hostilité d’une société rendue soumise à l’addiction au consumérisme).

«  Les forces spirituelles prêtes à prendre le dessus dans nos vies personnelles sont aujourd’hui disséminées dans un combat illusoire contre la réalité de la société. Le courage moral révélera les limites inhérentes au progrès technique et à la liberté. La recherche des limites, c’est la maturité. » [26]

Expliquant la géopolitique de son temps, l’histoire économique et sociale, mais aussi le devenir de son monde, Karl Polanyi n’était pas qu’un simple observateur, témoin de son temps que l’on se perdrait à lire simplement pour s’informer de ce qui se disait pendant le XXème siècle. Il touche l’essence des problèmes du monde moderne et éclaire la logique inhérente aux institutions nées de son paradigme à nul autre pareil. Il explique la logique et le fonctionnement d’un ordre mondial universel organisé autour d’institutions politiques et économiques qui forment le « système autorégulateur de marché », alors même que l’on observe l’inquiétant devenir d’un monde organisé par l’ONU, le G8 (ou G20), mais aussi le FMI et l’OMC. Il met aussi en lumière le devenir d’une société de marché, basé sur une idéologie fallacieuse et centré sur l’économie, qui, soumis à d’impitoyables mécanismes législatifs et économiques, finit inévitablement par une déliquescence sociale, un abêtissement culturel et forcément une montée de la violence. Aussi, celles-ci rentrent dans un nuage d’incertitudes et de perturbations ou au sein duquel un ordre contesté se voit confronté à un contre-mouvement populaire. Prenant acte de sa fragilité, le système s’autorégule dans le but de s’imposer sous la forme d’une nouvelle mue, afin de combler les fissures qui apparaissent sur un ordre social vacillant ou comme dit Tancrère Falconeri : « Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change » . [27]

Enfin, ayant compris qu’une telle contre révolution (fascisme ou nazisme) avait échoué, le système allait chercher un autre moyen de se protéger de la révolution populaire : la Technique ! Plus que de simples machines, Polanyi pointe son influence et ses conséquences sur la société, qu’elle façonne et transforme en automates rendant toute action politique impossible. La protection contre un gouvernement populaire n’est plus l’extrême droite, mais un régime technocratique abstrait où la gestion des choses a remplacé le gouvernement des hommes (Union Européenne, OMS, OMC). Ce en plus d’avoir rendu intelligible l’impact que le développement des techniques et technologies industrielles sur la société, les individus et la politique.

Aussi, il sort des chemins balisés et étroits de la spécialisation, ce qui permet de comprendre que les maux vus comme différents problèmes n’ayant aucun rapports les uns avec les autres, forment en fait un tout cohérent et tiennent d’avantage du contrecoup. Aussi, grâce au recul que permet de prendre l’étude de l’histoire, l’anthropologie, la science politique et la philosophie, de comprendre la nature utopique de notre société globalisée et de sortir de déterminismes malsains. Sa démarche intellectuelle autant que ses concepts permettraient de sortir d’une crise de sens qui touche aussi bien le monde académique que les forces en mouvement au sein de la société dans son ensemble. De là, il a pressenti, dès les premières années de l’après-guerre, un certain nombre de changements qui nous frappent aujourd’hui jusqu’à provoquer un vent de panique. En ce sens, Karl Polanyi est plus que jamais d’actualité !

Nadjib Abdelkader, septembre 2020

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages de Karl Polanyi en français

La Grande Transformation : Aux origines politiques et économiques de notre temps, Gallimard, 1983.
Essais de Karl Polanyi, textes réunis par Michele Cangiani et Jérôme Maucourant (dir.), Seuil, 2008.
La subsistance de l’homme. La place de l’économie dans l’histoire et la société, Flammarion, 2011.
Commerce et marché dans les premiers empires : sur la diversité des économies, avec Conrad M. Arensberg et Harry W. Pearson (dir.), avant-propos d’Alain Caillé, une introduction de Michele Cangiani et Jérôme Maucourant et une postface d’Alain Guery, Éditions Le Bord de l’Eau, 2017.

Ouvrages et articles sur Karl Polanyi en français

• Nadjib Abdelkader, Jérôme Maucourant, Sebastien Plociniczak, Karl Polanyi et l’imaginaire économique, Le passager clandestin, col. Les précurseurs de la décroissance, Paris, 2020
• Gérald Berthoud, « L’économique en question, la position de Karl Polanyi », Bulletin du Mauss, 18, pp. 53-104, 1986.
• Jean-Michel Servet, Jérôme Maucourant et André Tiran (dir.), La Modernité de Karl Polanyi, L’Harmattan, 1998.
• Jérôme Maucourant, Avez-vous lu Polanyi ?, La Dispute, 2005.
• Sébastien Plociniczak, « Polanyi, les marchés et l’embeddedness. La Grande Tranformation en question », dans Richard Sobel (dir.), Penser la marchandisation du monde avec Karl Polanyi, pp. 63-84, 2007.
• Sébastien Plociniczak, « Au-delà d’une certaine lecture standard de La Grande Transformation », Revue du Mauss, n° 29(1), pp. 207-224, 2007.
• Revue du Mauss, Numéro Spécial : Avec Karl Polanyi contre la société du tout marchand, n°29(1), 2007.
• Sébastien Plociniczak, « Karl Polanyi ou l’économie encastrée dans le social », Alternatives économiques, HS n°73, 2007.
• Michele Cangiani et Jérôme Maucourant, « Introduction », dans Michele Cangiani et Jérôme Maucourant (dir.), Essais de Karl Polanyi, Seuil, pp. 9-46, 2008.
• Jérôme Maucourant et Sébastien Plociniczak, « Penser l’économie, les institutions et la dynamique institutionnelle à partir de Karl Polanyi », dans Elsa Lafaye de Michaux, Eric Mulot et Pepita Ould-Ahmed (ed.), Institutions et développement. La fabrique institutionnelle et politique des trajectoires de développement. Presses Universitaire de Rennes, pp. 89-112, 2007.
• Michele Cangiani, « Polanyi : une voix du siècle passé ? », Revue du Mauss, n° 34, pp. 336-348, 2009.
• Bernard Gazier et Marguerite Mendell, « Karl Polanyi et la pédagogie de l’incohérence », Annals of Public and Cooperative Economics, vol. 80, issue 1, pp. 1-35, 2009.
• Jérôme Maucourant et Sébastien Plociniczak, « Penser l’institution et le marché avec Karl Polanyi », Revue de la régulation, n°10(2), 2011.

Document vidéo ou sonore :

• L’économie de marché selon Karl Polanyi, Jérôme Maucourant, Maître de conférences de sciences économiques à l’Université Jean-Monnet de Saint-Etienne (IUT) : https://youtu.be/WWNYpDK2Fls
• Jérôme Maucourant K. Polanyi et K. Marx - L’imaginaire du capital : Colloque Université Paris I - Sorbonne - L’utopie du capital - Première partie : L’imaginaire du capital et la réalité du social – 2009 : https://dai.ly/x3x58sf
• Capitalisme 6/6 - Karl Polanyi, le facteur Humain, film documentaire d’Ilan Ziv, Arte France, Zadig productions, 2014
• Les chemins de la philosophie, par Adèle Van Reeth et Philippe Petit : https://www.franceculture.fr/emissions/les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance/avez-vous-lu-polanyi

Notes

[1Karl Polanyi, la Grande transformation, Aux origines politiques et économiques de notre temps, trad. Catherine Malamoud & Maurice Angeno, édition Gallimard, Paris, 1983, re-édit. 2009 P. 37 & suiv.

[2Ibid., p. 51

[3Ibid., p. 52

[4Ibid., p. 71

[5Nadjib Abdelkader, Jérôme Maucourant, Sebastien Plociniczak, Karl Polanyi et l’imagine économique, Le passager clandestin, col. Les précurseurs de la décroissance, Paris, 2020 p. 31 à 42

[6Voir les travaux d’Edward Palmer Thompson sur le sujet, notamment la guerre des forêts.

[7K. Polanyi, La Grande Transformation, op.cit., p. 229

[8Pour approfondir le sujet, voir Christian Marouby, L’économie de la nature - Essai sur Adam Smith et l’anthropologie de la croissance, Seuil

[9K. Polanyi, La Grande Transformation, op.cit., p. p. 76 -91-101-229 etc..

[10N. Abdelkader, J. Maucourant, S. Plociniczak, Karl Polanyi et l’imaginaire économique, op.cit., p. 100 & suiv.

[11Edward Palmer Thompson, Temps, discipline du travail et capitalism industriel (1967), art. Cit., in Edward P. Thompson, Les Usages de la coutume. Traditions et résistances populaires en Angleterre (XVIIe-XIXe siècle), trad. de l’anglais par Jean Boutier et Arundhati Virmani, Paris, EHESS/Gallimard/Seuil, 2015 p. 452 à 456

[12Karl Polanyi, La liberté et la technique (1955), Cit., in, Essais de Karl Polanyi, textes réunis par Michele Cangiani et Jérôme Maucourant, Seuil, col. Economie humaine, Paris, 2008 p. 542 & suiv.

[13K. Polanyi, La mentalité de marché est obsolète (1947), cit., in Essai de Karl Polanyi, P. 505

[14François Jarrige, Technocritique : Du refus des machines à la contestation des technosciences, La découverte, 2014

[15K. Polanyi, La Grande Transformation, op.cit., p. p. 61-62 avec présentation et explication dans Karl Polanyi et l’imaginaire économique p. 84,

[16K. Polanyi, La liberté dans une société complexe (1957), cit., in Essai de Karl Polanyi, op.cit., p. 553

[17K. Polanyi, La mentalité de marché est obsolète, cit., in Essais de Karl Polanyi P. 507

[18K. Polanyi, La machine à la découverte de la société (1957), cit., in Essais de Karl Polanyi p. 547 & suiv.

[19K. Polanyi, La liberté et la technique, cit., in Essais de Karl Polanyi p. 539

[20Pier Paolo Pasolini, fasciste, cit., in Ecrits corsaires, Flammarion, p. 268 & suiv.

[21K. Polanyi, La liberté et la technique, cit., in Essais de Karl Polanyi p. 539 & suiv.,

[22Ibid., p. 542

[23Ibid., p. 543

[24Ibid., p. 545

[25Ibid., p. 545

[26K. Polanyi, La Liberté dans une société complexe, cit., in Essais de Karl Polanyi p. 555

[27Le guepard, film de Lucchino Viscontin, adaptation du livre éponyme de Giuseppe Tomasi di Lampedusa édité chez Point

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