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Recension géopolitique fin 2020

mardi 1er septembre 2020

Comment Trump a-t-il changé le monde ? Le recul des relations internationales. Charles-Philippe David et Elisabeth Vallet. Collection Sciences politiques et relations internationales. CNRS. 10 septembre 2020

Depuis l’élection de Trump, le monde a changé. L’arrivée à la tête des États-Unis de ce magnat de l’immobilier a bouleversé les équilibres mondiaux et entériné le recul des relations internationales, à tel point qu’il pourrait être irréversible. L’abandon du leadership qu’avaient exercé tous ses prédécesseurs sans aucune exception a créé les conditions propices à des situations extraordinairement préoccupantes et menaçantes pour l’ordre mondial : fin du multilatéralisme, durcissement des frontières, compétition commerciale exacerbée, réarmement généralisé, fragilisation des grands traités mondiaux, ébranlement de la démocratie et de ses institutions, etc. L’ensemble de l’architecture du système international repose sur la mise en oeuvre d’une diplomatie américaine engagée et soutenue.
Un monde qui en serait exempt deviendrait instable. La présidence Trump, dit-on souvent, est atypique. Sur de nombreux plans, à l’évidence, elle constitue un tournant dans l’histoire. Mais qu’en est-il des effets de cette politique à l’échelle internationale ?

Ramses. Le grand basculement ? Edition 2021. Thierry de Montbrial et Dominique David. Dunod, 2 septembre 2020

Trois enjeux pour 2021 : - Santé/climat : COVID-19, et maintenant ? Le choc mondial du COVID-19 ouvre-t-il un monde nouveau ? Quelles stratégies s’imposent désormais face aux nouvelles dimensions des problèmes sanitaires et d’environnement ? - Europe : se refaire ou se défaire : Si l’Europe se construit dans les crises, le COVID-19 lui donne la chance de se dépasser. L’Union européenne saura-t-elle faire le saut politique qui la ferait exister face aux mastodontes américain et chinois ? - Monde arabe : 10 ans après le faux printemps.
Le monde arabe a échappé au malheur promis de la pandémie. Si les régimes se ferment, les sociétés protestent. Le printemps arabe a été court. Pourrait-il revenir ? Le monde en questions : Des suites économiques et technologiques du COVID-19 aux défis sécuritaires et migratoires, en passant par les problématiques stratégiques propres à chaque continent : un tour du monde des crises et des stratégies au seuil d’une décennie décisive.

Etre américain aujourd’hui - Les enjeux d’une élection présidentielle. Didier Combeau. Editions Gallimard, 4 juin 2020. Collection Le Débat

A la fois fer de lance du progressisme et haut lieu du conservatisme, patrie de #MeToo mais aussi de Donald Trump, les Etats-Unis n’en finissent pas d’étonner et de surprendre. Tous les quatre ans, l’élection du président focalise l’attention, d’abord sur les personnalités candidates aux primaires, puis sur celles des deux challengers. Leurs noms nous sont familiers, mais nous connaissons souvent moins bien leurs idées et les philosophies qui les portent.
Pourtant, elles irriguent nos mentalités et continuent d’exacerber les imaginations au-delà des frontières. De la question de l’immigration à celle de l’assurance santé, de la problématique de l’avortement à celle de l’environnement, des tensions interraciales au fléau de la violence, Didier Combeau explore ici les fractures qui parcourent la société américaine et se traduisent par un rejet de plus en plus viscéral de l’adversaire politique.
Il donne en termes simples les clefs indispensables à la compréhension du subtil fonctionnement du fédéralisme, de l’équilibre des pouvoirs, et d’un système électoral sujet à polémiques, qui peine à asseoir la légitimité d’un président parfois élu à la minorité des voix. L’étude des joutes qui opposent conservateurs et progressistes se prolonge dans une réflexion sur l’identité politique et nationale du premier soft power mondial.

Vive l’incommunication. La victoire de l’Europe. Dominique Wolton. Editions François Bourin, 28 mai 2020. Collections Essai

Oui, l’Europe reste la plus grande aventure pacifique et démocratique de l’Histoire. Oui, l’Union européenne réussit à faite cohabiter 450 millions d’individus, répartis dans 27 pays, parlant 24 langues et divisés par d’innombrables contentieux. Depuis soixante ans, le dialogue est ininterrompu et tumultueux. Oui, il est possible de dépasser le scepticisme des Européens, de mobiliser les peuples, de poursuivre cette utopie si originale. L’Europe n’est pas en retard, mais en avance. Non, l’incommunication n’est pas la faiblesse de l’Europe. C’est au contraire son originalité et sa force. Le moteur d’une autre conception de la communication politique. La condition de la démocratie et de la paix. L’Europe repose sur le triomphe du malentendu, de la langue de bois, des dialogues de sourds. Quel projet invraisemblable ! La singularité de l’Europe ? Apprendre à cohabiter sans nier l’autre et refondre les rapports entre identité et universalité.
Et demain, pas d’Europe sans remettre les peuples, avec toutes leurs contradictions, au centre de l’Histoire. L’Europe, ou les incommunications victorieuses". Dominique Wolton.

Rouge vif. L’idéal communiste chinois. Alice Ekman. Editions de l’ Observatoire , 19 février 2020

« La Chine n’est plus communiste » : la rumeur s’est répandue, comme une évidence. Mais ne serait-ce pas le plus grand malentendu de notre époque ? Malgré l’ouverture économique de 1978, les mesures d’internationalisation des entreprises d’Etat, l’établissement de relations diplomatiques avec les puissances occidentales, la Chine demeure fidèle à ses racines rouges. « Le communisme est un idéal vers lequel nous devons tous tendre » affirment aujourd’hui encore les cadres du Parti.
Renforcé par l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2013, le Parti communiste chinois s’infiltre au quotidien dans toutes les strates de la société : politique et économique, bien sûr, mais aussi culturelle, artistique, éducative, sociale ou religieuse, et ambitionne d’étendre cette influence à l’international. Il fallait bien sept années d’observation et plus de 400 entretiens menés par Alice Ekman auprès de hauts cadres du Parti et fonctionnaires, diplomates, représentants d’entreprises, chercheurs et étudiants pour parvenir à comprendre la Chine contemporaine, son fonctionnement, ses évolutions récentes et sa stratégie de puissance, dans un contexte périlleux de tensions avec les Etats-Unis et de rapprochement avec la Russie. Car, alors que l’idéal libéral est de plus en plus contesté, la Chine cherche désormais à s’imposer comme une puissance de référence, une « solution » pour le monde, selon les propres mots de Xi Jinping, pour un jour parvenir à la « disparition ultime du capitalisme et la victoire finale du socialisme »

China Corp. 2025 - Dans les coulisses du capitalisme à la chinoise. Jean-François Dufour. Editions Maxima, 14 février 2019

Manoeuvres obscures, objectifs stratégiques servis par des acteurs aux statuts ambigus et aux moyens considérables : la Chine est-elle en train de « tricher » dans la compétition économique mondiale ? En fait, tout en prétendant s’aligner sur le modèle classique de l’économie de marché, la Chine se développe selon d’autres règles et sur un autre modèle. Pour décrypter les rouages complexes de ce « capitalisme à la chinoise », Jean-François Dufour explique les rôles et enjeux parfois conflictuels des acteurs de ce système hybride : entreprises publiques et privées, mais aussi gouvernement central, gouvernements régionaux et Parti communiste chinois. Au fil d’un passionnant récit aux allures d’enquête qui touche tous les secteurs d’activité, l’auteur lève le voile sur les ambitions d’un géant qui, annoncées dans son plan Made in China 2025 et inscrites dans son projet des « nouvelles routes de la soie », ont un impact économique et géopolitique majeur sur l’évolution du monde.

L’aigle, le dragon et la crise planétaire. Jean-Michel Valantin. Collection anthropocène. Le Seuil, 6 février 2020

Tandis que les effets du changement climatique sont ressentis de plus en plus violemment en Chine comme aux États-Unis, avec une multiplication des phénomènes climatiques extrêmes, une guerre commerciale sans précédent oppose ouvertement ces deux pays depuis mars 2018. L’interdépendance profonde et complexe qui unit en les opposant ces deux puissances depuis le XIXe siècle est aussi l’un des principaux moteurs de la crise écologique et climatique planétaire.
Cette croissance « chinaméricaine » émet près de 45% des gaz à effet de serres, exerce une pression phénoménale sur la biodiversité et induit une compétition toujours plus féroce pour l’accès aux ressources naturelles et énergétiques. La « Chinamérique » est ainsi une force tellurique qui verrouille la Terre dans une trajectoire d’aggravation permanente, tout en se déchirant elle-même. Allons-nous vers un long conflit entre l’Aigle et le Dragon ? Et, si c’est le cas, la Terre s’en remettra-t-elle ?

Le Déméter 2020. Sous la direction de Sébastien Abis, Matthieu Brun. IRIS Editions, 6 février 2020

L’agriculture, l’alimentation et les mondes ruraux sont au cœur des grandes questions géostratégiques et sociétales. Produire et se nourrir déterminent les dynamiques de sécurité collective et de développement humain. La complexité de ces enjeux nécessite des analyses et des solutions forcément plurielles et résolument audacieuses. Le Déméter 2020 vise à éclairer ces débats à travers des grilles de lecture innovantes qui mêlent politique, économie, environnement et sciences. Des conséquences agricoles du Brexit aux bactéries du microbiote jusqu’aux champs des agriculteurs cubains et au marché mondialisé du cannabis, l’ouvrage ne s’impose pas de limite temporelle, géographique ou thématique. Cette 26e édition interroge également le rôle de l’agriculture dans les ambitions de puissance, en Europe et dans le monde, à l’heure où la compétition des acteurs s’intensifie et où les attentes des consommateurs se diversifient. Le Déméter replace ainsi les problématiques agricoles et alimentaires au cœur des questions géopolitiques et des grandes innovations qui bousculent déjà la planète.

Polanyi et l’imaginaire économique. Nadjib Abdelkader, Jérôme Maucourant, Sébastien Plocinizack. Le Passager Clandestin, Collection Précurseurs de la décroissance. 25 août 2020

« L’idée d’un marché s’ajustant lui-même était purement utopique ». Historien et anthropologue de l’économie, Karl Polanyi (1886-1964) est l’un des premiers penseurs à intégrer au sein d’une même critique de l’utopie libérale qu’est la société de marché les conséquences sociales et écologiques de son imposition. L’économie n’est plus au service de la société, mais le marché régit désormais toutes les sphères de la vie humaine. C’est cette inversion, fondée sur notamment sur le mythe d’un marché autorégulateur, que dénonce avec force Polanyi. A l’heure où il devient nécessaire d’imaginer une transition écologique et démocratique de l’économie, son oeuvre éclairera celles et ceux qui ne se résignent pas à la marchandisation générale de nos sociétés".

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